Le roi Charles interpellé sur la colonisation au Parlement australien

La rédaction
09:5621/10/2024, Pazartesi
AFP
Le roi du Royaume-Uni Charles III  prononce un discours lors d'une réception au Parlement à Canberra, le 21 octobre 2024.
Crédit Photo : LUKAS COCH / POOL / AFP
Le roi du Royaume-Uni Charles III prononce un discours lors d'une réception au Parlement à Canberra, le 21 octobre 2024.

Le roi Charles III a été interpellé lundi par une élue australienne sur l'héritage de la colonisation britannique dans le pays, devant le Parlement dans la capitale Canberra.

Charles, qui a annoncé il y a huit mois être traité pour un cancer, effectue une visite de neuf jours en Australie, pays dont il est chef d'Etat, et à Samoa, sa plus longue tournée à l'étranger depuis son couronnement en mai 2023.


A l'issue d'un discours prononcé au Parlement australien, la sénatrice aborigène Lidia Thorpe a interpellé le monarque en criant des slogans anti-coloniaux.

Dans une diatribe d'environ une minute, la parlementaire a lancé:


Rendez-nous nos terres, rendez-nous ce que vous nous avez volé !

La sénatrice indépendante, revêtue d'une cape en fourrure, a dénoncé ce qu'elle a qualifié de génocide des indigènes australiens à l'époque de la colonisation européenne de l'Australie.



L'Australie a été une colonie britannique pendant plus d'un siècle, au cours duquel des milliers d'Australiens aborigènes ont été tués et des communautés entières déplacées.

Le pays a acquis une indépendance de fait en 1901, mais n'est jamais devenu une république à part entière. Le roi Charles reste chef de l'Etat.


Rôle moteur pour le climat


Le roi âgé de 75 ans avait auparavant appelé l'Australie, pays étroitement dépendant des industries minières, à faire preuve de leadership sur la lutte contre
"le changement climatique".

"Il est dans notre intérêt à tous d'être de bons gestionnaires du monde"
, a-t-il déclaré dans son premier discours devant le parlement australien en tant que chef d'État.

"L'ampleur et la férocité"
des catastrophes naturelles s'accélèrent en Australie, a souligné Charles, ce qu'il a décrit comme un
"signe indubitable du changement climatique”. 

"C'est pourquoi le rôle moteur à l'international de l'Australie dans les initiatives mondiales visant à protéger notre climat et notre biodiversité est d'une importance capitale"
, a-t-il insisté.

Charles est connu depuis longtemps pour sa fibre écologique, qui confine parfois à l'excentricité.


Il a notamment transformé une Aston Martin DB6 pour qu'elle puisse fonctionner grâce à l'éthanol, fabriqué à partir de restes de fromage et de vin blanc, et a avoué un jour qu'il parlait aux plantes pour les aider à pousser.

Le souverain avait déposé en début de journée une gerbe à l'imposant Mémorial australien de la guerre dédié aux victimes australiennes des deux guerres mondiales et d'autres conflits.


Charles doit aussi visiter un laboratoire de l'agence scientifique publique australienne dédié à l'étude des feux de brousse qui ravagent régulièrement des régions entières du pays.

Plus tard, il doit aller admirer les fleurs endémiques au jardin botanique national d'Australie et discutera de l'impact du
"réchauffement de la planète"
sur de nombreuses espèces uniques du pays. 

Chloe Pailthorpe et ses enfants se sont rendus à Canberra depuis une petite ville rurale des environs, espérant apercevoir le monarque.
"J'écris aux membres de la famille royale depuis que j'ai une dizaine d'années"
, explique-t-elle à l'AFP.

Plus l'influence d'autrefois


Mais plusieurs Premiers ministres d'États australiens étaient absents à la réception organisée en l'honneur du roi au Parlement, ce qui suggère que le souverain britannique n'a plus l'influence qu'il avait autrefois.

Les Australiens, bien que plutôt favorables à la monarchie, sont loin d'être aussi enthousiastes vis à vis de la couronne britannique qu'en 2011, lorsque des milliers de personnes avaient afflué pour voir la mère de Charles, la reine Élisabeth II.


Les membres de la famille royale britannique ont par le passé effectué des séjours de plusieurs semaines en Australie afin d'encourager le soutien à la monarchie, avec des défilés dans des rues bondées de sujets agitant des drapeaux. 


Mais cette fois-ci, au vu de la santé fragile du roi, le programme a été réduit. Peu d'évènements rassemblant des foules ont été prévus, à l'exception d'un barbecue géant à Sydney et d'un événement à l'opéra de la ville.


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