Pauvreté en France: augmentation inquiétante des inégalités

12:484/12/2024, mercredi
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Les célibataires (12,8 %), les familles monoparentales (19,2 %), et les immigrés (18,8 %) sont significativement plus touchés par la pauvreté.
Crédit Photo : planet_fox / Pixabay
Les célibataires (12,8 %), les familles monoparentales (19,2 %), et les immigrés (18,8 %) sont significativement plus touchés par la pauvreté.

Selon l'Observatoire des Inégalités, 5,1 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. Le rapport du 3 décembre souligne les disparités croissantes, les impacts de la précarité, et l'absence de réponses politiques suffisantes.

La pauvreté en France gagne du terrain. Dans son quatrième rapport publié ce 3 décembre, l'Observatoire des inégalités souligne que 5,1 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du revenu médian en 2022, soit 1 014 euros par mois pour une personne seule.


Ce chiffre, en hausse de 1,4 million par rapport à 2002, reflète une augmentation du taux de pauvreté de 6,6 % à 8,1 % sur vingt ans.

Les auteurs du rapport, Louis Maurin et Anne Brunner, insistent sur la persistance de l'extrême précarité dans un pays pourtant doté d'un modèle social solide.


"Nous avons l'un des meilleurs systèmes sociaux au monde, mais le niveau de vie avant prestations sociales diminue, révélant des faiblesses structurelles profondes"
, observe Louis Maurin.

Des inégalités frappantes et un impact différencié


Certaines catégories de la population subissent particulièrement la pauvreté.
Les célibataires (12,8 %), les familles monoparentales (19,2 %), et les immigrés (18,8 %) sont significativement plus touchés.

Les jeunes de moins de 30 ans, en difficulté d'insertion, affichent également des taux élevés de pauvreté, tout comme les personnes en situation de handicap.


La situation professionnelle, souvent perçue comme un rempart, n'offre pas une protection complète.
Près de 1,1 million de travailleurs, soit 4 % des actifs, disposent d'un revenu inférieur au seuil de pauvreté, illustrant l'insuffisance des emplois précaires ou sous-payés.

Un fossé social qui se creuse


Le rapport pointe également une fracture sociale qui s'élargit: les 10 % les plus pauvres captent seulement 3,3 % des revenus après impôts et prestations sociales, tandis que les 10 % les plus riches en reçoivent 24,4 %.

Ce fossé alimente un sentiment de relégation pour une part croissante de la population modeste, désormais éloignée du niveau de vie des classes moyennes.


Par ailleurs, les dépenses contraintes comme le logement ou l'alimentation, alourdies par l'inflation, pèsent davantage sur les budgets des ménages pauvres. Le logement, autrefois 9 % du budget des ménages, en représente désormais 23 %, accentuant les inégalités de conditions de vie.


Des solutions en attente


Les auteurs dénoncent un manque de réponses politiques adaptées, notant que
"les partis traditionnels s'intéressent assez peu à ces questions"
. Ce désintérêt politique contraste avec l'engagement d'acteurs locaux – enseignants, travailleurs sociaux, associations – qui jouent un rôle crucial mais souvent sous-estimé.

Pour l'Observatoire, une meilleure prise en compte des inégalités territoriales et des populations non recensées – comme les personnes vivant outre-mer ou dans des logements non ordinaires – est essentielle pour élaborer des solutions concrètes.


Alors que la pauvreté s'installe durablement, le rapport appelle à des réformes structurelles pour réduire les inégalités et renforcer le modèle social français.


Avec un tiers des Français se disant préoccupés par le risque de basculer dans la pauvreté, la question pourrait rapidement devenir un enjeu central du débat public.


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