Accroupi près d’une fosse boueuse, Frank plonge ses mains dans la terre ocre à la recherche d’or, ressource pour laquelle le Ghana est le premier producteur africain. Autour de lui, des hommes torses nus s’activent sous un soleil brûlant, maniant pelles et excavatrices.
Un coût social et environnemental alarmant
Le Ghana, sixième exportateur d’or mondial et deuxième producteur de cacao, subit de plein fouet les ravages du galamsey. Cette activité pollue les cours d’eau, détruit les terres agricoles et réduit les ressources forestières.
Les cours d’eau sont empoisonnés par le mercure et le cyanure utilisés pour extraire l’or, menaçant l’approvisionnement en eau potable de millions de Ghanéens.
Une mobilisation croissante
La lutte contre le galamsey est devenue un enjeu crucial à l’approche des élections. Depuis 2017, le président Nana Akufo-Addo avait promis d’éradiquer cette pratique, mais celle-ci a prospéré, alimentée par la hausse des prix de l’or et un chômage des jeunes atteignant plus d’un million.
Face à la pression de l’opinion publique, le gouvernement a déployé des bateaux de la marine pour protéger les plans d’eau et intensifié les actions contre l’exploitation illégale. Pourtant, des hectares de terres agricoles et des dizaines de réserves forestières continuent d’être détruits.
Vers un changement ?
Pour de nombreux électeurs, le galamsey symbolise l’échec des politiques gouvernementales. Le second mandat de Nana Akufo-Addo a été marqué par une crise économique majeure, contraignant le Ghana à faire défaut sur sa dette extérieure et à conclure un accord de 3 milliards de dollars avec le FMI.
Malgré les promesses des candidats, le scepticisme demeure. Clement Abaidoo, directeur du Centre pour l’environnement, les ressources naturelles et la durabilité (CENS Africa), souligne:
Aucun des partis n’a présenté de stratégie claire et applicable pour lutter contre l’exploitation minière illégale.
En attendant des solutions viables, les mineurs comme Frank continueront de creuser la terre, pris entre survie économique et destruction environnementale.