Crédit Photo : Arun SANKAR / AFP
Des enfants rentrent chez eux après l'école à New Delhi, le 3 décembre 2024.
Les écoles de New Delhi reprennent les cours en présentiel, soulignant les défis sociaux et éducatifs liés à la qualité de l’air.
"Je suis heureuse de la reprise des cours !"
Comme la majorité des élèves de New Delhi, Aniksha, 13 ans, s'est félicitée mardi de la réouverture de son école, deux semaines après sa fermeture en raison de la pollution qui continue d'envelopper la capitale indienne.
Chaque hiver, un brouillard enveloppe la mégalopole de 30 millions d'habitants. Lors des pics de pollution atmosphérique toxique, les autorités ferment les écoles afin de protéger les enfants en les gardant à l'intérieur.
Mais pour Aniksha, comme pour la majorité des 2 millions d'élèves ou étudiants de la capitale, ces fermetures perturbent leur apprentissage, les isolant de leurs camarades.
"A la maison, on s'ennuie"
, reconnaît l'adolescente, qui est scolarisée à la Swami Sivananda Memorial Institute, une ONG spécialisée dans l'éducation des enfants pauvres, située dans l'ouest de New Delhi.
"A l'école, on peut faire plus d'activités (...). On peut interagir avec les professeurs et obtenir leur aide pour colorier ou faire d'autres choses"
, raconte-t-elle.
Les autorités ont été contraintes de fermer les établissements scolaires de la mégapole le 18 novembre, car les concentrations en microparticules toxiques PM2.5 - les plus dangereuses car se diffusant directement dans le sang - étaient ce jour-là 60 fois supérieures au seuil fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Depuis, le niveau de pollution a diminué, mais les concentrations atteignaient mardi des niveaux jusqu'à 16 fois supérieurs aux normes tolérées par l'OMS.
Les écoles ont été autorisées à rouvrir la semaine dernière et beaucoup ont repris les cours en présentiel dans les jours qui ont suivi. En cas de fermeture, les écoles sont invitées à proposer des cours en ligne afin de limiter les conséquences sur l'apprentissage.
Dans la pratique, l'enseignement à distance met en évidence le fossé qui sépare les élèves des classes les plus aisées de New Delhi des plus démunis, de loin les plus nombreux.
"Les cours en ligne ne sont pas très utiles, beaucoup d'enfants n'ont pas de smartphone ou se battent pour avoir du réseau"
, explique Vandana Pandey, 29 ans, qui enseigne les langues.
Selon elle, ces fermetures ne protègent en rien la santé de ses élèves, qui n'ont pas les moyens de se protéger de la dangereuse pollution.
"Ils viennent de milieux modestes... Lorsqu'ils ne vont pas à l'école, ils jouent dehors ou aident leurs parents. Ils ne restent pas enfermés chez eux"
, déplore-t-elle.
La mégalopole est confrontée chaque hiver à des épisodes d'hyperpollution causés par les émanations des usines, la circulation automobile effrénée et les brûlis agricoles saisonniers.
Mais nombre d'habitants n'ont pas les moyens de s'équiper en purificateurs d'air et vivent dans des logements peu isolés de l'extérieur.
La revue médicale Lancet a attribué à la mauvaise qualité de l'air la mort de 1,67 million d'Indiens en 2019. La pollution affecte tout particulièrement les enfants et a des effets dévastateurs sur leur santé et leur développement.
Près d'un tiers des enfants d'âge scolaire de la capitale indienne souffraient d'asthme ou de difficultés respiratoires, selon une étude publiée en 2021 par le journal médical Lung India.
Des mesures ponctuelles telles qu'envoyer des camions pour asperger d'eau la poussière et la faire retomber ou restreindre la circulation des camions diesel venant d'autres régions du pays sont également prises, mais sans véritables impacts sur les pics de pollution meurtriers.
Pour Kashish, agent de propreté et mère de deux enfants, il est évident que ces fermetures n'ont pas eu d'impact.
"On ne peut pas se débarrasser de la pollution en empêchant les enfants d'aller à l'école".
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