Tunisie: les avocats de l'opposante Sihem Bensedrine demandent sa libération

16:524/12/2024, Çarşamba
MAJ: 4/12/2024, Çarşamba
AFP
Sihem Ben Sedrine, ancienne présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD) de Tunisie.
Crédit Photo : FETHI BELAID / AFP
Sihem Ben Sedrine, ancienne présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD) de Tunisie.

Le comité de défense de Sihem Bensedrine, ancienne présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD), a demandé mercredi sa libération, appelant la justice tunisienne à faire preuve d’impartialité.

Mme Bensedrine est en détention depuis août et poursuivie dans sept affaires, notamment pour des accusations de
"corruption financière"
et de
"falsification"
liées au rapport final de l'IVD publié en 2020, a indiqué son avocat, Fathi Rabii.

Selon Me Rabii, elle est actuellement en détention uniquement dans le cadre de ce dossier. Un autre avocat, Me Abderraouf Ayadi, a qualifié ces poursuites d'
"affaire montée de toutes pièces pour des raisons politiques"
, ajoutant que
"la magistrature aujourd’hui en Tunisie est aux ordres"
.

Depuis septembre, plusieurs demandes de libération ont été déposées sans réponse, a déploré Me Ayadi. Le comité de défense a également réclamé l’annulation des poursuites qu'il considère comme des représailles, dénonçant une violation des garanties légales assurant l’immunité des membres de l’IVD dans l’exercice de leur mission.


Créée en 2014 après la révolution de 2011 qui a mis fin à la dictature, l’IVD avait pour mandat de recenser les violations commises par des représentants de l’État entre 1955 et 2013. Cette période inclut les présidences d’Habib Bourguiba (1957-1987), de Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011), ainsi que les troubles post-révolutionnaires.

Après la fin de son mandat en 2018, l’IVD a publié en 2020 un rapport exhaustif au Journal officiel. Mme Bensedrine, elle-même victime d’exactions sous l’ancien régime, est accusée d’avoir perçu un pot-de-vin pour inclure un paragraphe sur la corruption de la Banque Franco-Tunisienne (BFT), des accusations qu’elle rejette fermement.


En août, des experts indépendants des droits de l’Homme mandatés par l’ONU avaient appelé la Tunisie à garantir un procès équitable. Ils ont exprimé leur inquiétude quant à un possible
"harcèlement judiciaire"
, ajoutant que cette arrestation pourrait dissuader les journalistes, les défenseurs des droits humains et la société civile dans le pays.

"L’arrestation de Mme Bensedrine soulève de sérieuses inquiétudes sur le respect du droit à la liberté d’opinion et d’expression en Tunisie"
, ont-ils déclaré dans un communiqué diffusé depuis Genève.

À lire également:




#Tunisie
#politique
#droitshumains
#corruption
#ONU
#Sihem Ben Sedrine
#Abderraouf Ayadi
#Habib Bourguiba
#Zine El Abidine Ben Ali
#Sihem Bensedrine
#Instance Vérité et Dignité
#IVD
#corruption financière
#harcèlement judiciaire
#droits de l’Homme
#justice tunisienne
#liberté d'expression
#Banque Franco-Tunisienne.