Crédit Photo : Muhamadou BITTAYE / AFP
Vue générale de l'Assemblée nationale gambienne avant le discours sur l'état de la nation à Banjul le 27 juin 2024.
Les députés gambiens ont approuvé lundi un rapport soutenant l'interdiction de l'excision et des mutilations génitales féminines en vigueur depuis 2015, avant un vote final prévu fin juillet sur l'abrogation éventuelle de cette interdiction.
Le Parlement est saisi d'une proposition de loi visant à lever l'interdiction des mutilations génitales féminines (MGF). Le débat divise profondément l'opinion et attire une attention internationale sur ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.
Selon l'ONU, la Gambie deviendrait le premier pays au monde à annuler l'interdiction de telles mutilations si le Parlement adoptait le texte.
Les députés ont voté massivement en mars pour l'examen du texte par une commission parlementaire.
La commission a présenté ses conclusions au Parlement lundi. Elle recommande de maintenir la loi de 2015 et d'interdire
"la circoncision féminine sous toutes ses formes, qu'il s'agisse de mutilations génitales ou d'excision".
Les MGF incluent l'ablation partielle ou totale du clitoris (excision), ou plus largement des organes génitaux externes, ou toute autre blessure des organes génitaux. En dehors de la douleur et du traumatisme, elles peuvent avoir de graves conséquences : infections, saignements, et plus tard stérilité et complications en couches.
Les avocats de la levée de l'interdiction font valoir que l'excision est une pratique profondément enracinée dans les croyances traditionnelles, culturelles et religieuses de la majorité des Gambiens et qu'elle est soutenue par l'islam.
"La mutilation génitale féminine n'est pas islamique mais une coutume/croyance traditionnelle",
a estimé au contraire la commission.
Elle dit avoir interrogé des érudits musulmans, parmi environ 150 experts et témoins, dont des personnes ayant subi ces mutilations.
La Gambie fait partie des 10 pays où le taux de MGF est le plus élevé: 73 % des femmes et des filles de 15 à 49 ans ont subi cette pratique, selon les chiffres de l'Unicef pour 2024.
Les MGF sont une violation des droits humains, elles perpétuent les inégalités de genre et la discrimination envers les femmes, et contreviennent à des engagements internationaux pris par la Gambie, dit la commission.
Après un débat houleux qui a dégénéré en cris et en coups de poing, 35 députés ont voté en faveur du rapport, 17 ont voté contre et deux se sont abstenus.
Le vote final doit avoir lieu le 24 juillet.
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