Inquiétudes, agacement: les saillies de Trump font des vagues au Canada

La rédaction
18:5414/12/2024, السبت
MAJ: 14/12/2024, السبت
AFP
Le président américain Donald Trump (R) accueille le Premier ministre canadien Justin Trudeau à la Maison Blanche à Washington, DC, le 11 octobre 2017. Les circonstances politiques qui ont entouré la publication d'"Ultimatum", autrefois un roman à succès qui imaginait un effort américain pour annexer le Canada, peuvent sembler familières à tous ceux qui ont suivi les récents titres. "Ultimatum", publié en 1973, a pour auteur Richard Rohmer, vétéran du jour J, lieutenant général honoraire des Forces armées canadiennes, qui a récemment fêté ses 101 ans. Toujours avide de nouvelles et d'écriture, Rohmer a déclaré qu'il ne fallait pas se moquer des remarques du président élu Donald Trump laissant entendre que le Canada pourrait être absorbé par les États-Unis.
Crédit Photo : JIM WATSON / AFP
Le président américain Donald Trump (R) accueille le Premier ministre canadien Justin Trudeau à la Maison Blanche à Washington, DC, le 11 octobre 2017. Les circonstances politiques qui ont entouré la publication d'"Ultimatum", autrefois un roman à succès qui imaginait un effort américain pour annexer le Canada, peuvent sembler familières à tous ceux qui ont suivi les récents titres. "Ultimatum", publié en 1973, a pour auteur Richard Rohmer, vétéran du jour J, lieutenant général honoraire des Forces armées canadiennes, qui a récemment fêté ses 101 ans. Toujours avide de nouvelles et d'écriture, Rohmer a déclaré qu'il ne fallait pas se moquer des remarques du président élu Donald Trump laissant entendre que le Canada pourrait être absorbé par les États-Unis.

Après tout, pourquoi le Canada ne deviendrait-il pas le 51e Etat américain? Si la plupart des Canadiens prennent cette petite phrase de Donald Trump comme une boutade, elle n'en finit pas de faire parler, en inquiétant certains et en agaçant d'autres.

Plus tôt dans la semaine, le président élu américain s'était moqué du Premier ministre canadien, le qualifiant de
"gouverneur"
sur son réseau Truth Social, un titre désignant aux Etats-Unis le chef de l'exécutif d'un Etat fédéré.

Une moquerie qui fait suite aux propos de Donald Trump sur la possibilité pour le Canada de devenir le 51e Etat américain, pour ne pas se voir imposer des droits de douane plus élevés, selon la chaîne conservatrice Fox News. 


En 1973, le roman à succès "Ultimatum", écrit par Richard Rohmer, racontait une tentative américaine d'annexer le Canada après une annonce sur des hausses des droits de douanes.


Dans cette dystopie, tout comme dans la vraie vie, le président américain était alors Richard Nixon, tandis que le Premier ministre canadien était Pierre Elliott Trudeau, le père du dirigeant actuel, Justin Trudeau.


Si les deux hommes politiques sont décédés depuis longtemps, pour Richard Rohmer, les remarques de Donald Trump, insinuant que le Canada pourrait être absorbé par les États-Unis, ne doivent pas être considérées à la légère.


"Il doit être pris au sérieux",
estime l'écrivain de 101 ans, vétéran du débarquement.

C'est un homme plein d'imagination qui sait ce qu'il fait, concernant le Canada.

Remarques "humiliantes"


Depuis, au nord de la frontière, on s'interroge sur ces piques à répétition. Si certains estiment que
"Trump fait du Trump",
cela a toutefois touché une corde sensible.

Le Premier ministre canadien, préoccupé par une possible hausse drastique des droits de douane, n'a pas répondu publiquement aux moqueries de l'Américain.


Mais certains responsables politiques n'ont pas hésité. Ainsi, l'ex-Premier ministre du Québec, Jean Charest, a sèchement prévenu Donald Trump de
"réfléchir à deux fois avant d'envahir le Canada".

Ce dernier a même fait allusion à la guerre de 1812 entre les deux pays, lorsque les avancées américaines sur le territoire canadien se sont soldées par une défaite – et l'incendie de la Maison Blanche.


Toutefois, au Canada, un sondage réalisé cette semaine par l'institut Leger montre que 13% des Canadiens souhaiteraient que leur pays devienne un état des États-Unis. 


Pour Laura Stephenson, professeure de sciences politiques à l'Université Western, les réflexions de Trump représentent une escalade par rapport à sa menace d'augmenter les taxes douanières.


"C'est un autre monde. Parler d'annexion n'est pas la même chose que de dire +je vais nuire à votre industrie+", a
ffirme la chercheuse.

Si une confrontation directe avec les États-Unis lui semble impensable, elle estime toutefois que de telles moqueries sont
"humiliantes"
pour les Canadiens.

D'autant plus que, selon la professeure, de nombreux Canadiens se définissent par opposition aux Américains et que les piques de Donald Trump
"ont toutes sortes d'implications pour l'identité canadienne".

Patriotisme


A l'inverse, pour son collègue de l'Université de Toronto Renan Levine, les saillies de Donald Trump pourraient être un
"bon signe"
pour les Canadiens, soulignant une connivence avec Justin Trudeau.

"Il envoie essentiellement le message suivant: +J'ai un certain niveau de familiarité avec toi, et nous pouvons plaisanter ensemble+",
explique Renan Levine.

Richard Rohmer espère que cette confrontation va réveiller le patriotisme de son pays. Selon lui, c'est l'une des clés du succès de son livre. Le roman avait touché la fierté nationale des Canadiens, très peu exprimée habituellement. 


La vice-Première ministre Chrystia Freeland a répondu aux moqueries de M. Trump en expliquant que le Canada était
"le meilleur pays du monde".

Est-ce l'occasion pour le pays de relever la tête face à son puissant voisin? Richard Rohmer le pense:


Nous devrions le faire, mais je n'ai aucune idée de comment.

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