Le nouveau Premier ministre français François Bayrou consulte lundi et mardi les forces politiques tout en composant son gouvernement, en quête d'une voie étroite pour faire passer un budget pour 2025 dans un paysage politique fracturé.
Le centriste a succédé vendredi à Michel Barnier, renversé après seulement trois mois en poste par une censure historique votée par des députés de gauche et d'extrême droite. François Bayrou est ainsi devenu le sixième chef du gouvernement depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017 et le quatrième en 2024, une instabilité de l'exécutif que n'avait pas connue la France depuis des décennies.
M. Bayrou, qui a tenu à appeler personnellement chaque chef de groupe, s'entretiendra ensuite avec l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, à la fois chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR), et dirigeant du parti présidentiel Renaissance, qui lui a marqué son soutien.
"Personnalités"
Parallèlement à ces consultations destinées à mesurer les soutiens dont il dispose, M. Bayrou peaufine son équipe qu'il veut resserrée et dominée par des "personnalités" d'expérience.
Il devait voir dimanche soir Emmanuel Macron, qui avait hésité toute la matinée de vendredi à le nommer chef du gouvernement, bien qu'ils soient alliés de longue date.
Le parti de François Bayrou détient actuellement le ministère des Affaires étrangères, avec Jean-Noël Barrot.
Reste à savoir si le ministre des Armées Sébastien Lecornu, un fidèle d'Emmanuel Macron que le chef de l'Etat a hésité à nommer Premier ministre, souhaite rempiler à son poste.
M. Bayrou a par ailleurs reçu vendredi le ministre de l'Intérieur sortant Bruno Retailleau (LR, droite), à qui il a laissé le pilotage de la crise dans l'archipel français de Mayotte, dans l'océan Indien, touché par un cyclone meurtrier, comme un gage de la poursuite de sa mission au gouvernement, même si l'éventuel maintien de ce ministre clivant divise.
Le temps presse pour la formation du gouvernement car c'est lui qui portera le nouveau projet de loi de finances pour 2025, interrompu par la censure, alors que le déficit s'aggrave et que les agences de notation froncent les sourcils.
Le nouveau Premier ministre a reçu à cet égard dimanche le ministre sortant du Budget, Laurent Saint-Martin. Il s'est aussi entretenu samedi avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici. Autant de profils possibles à l'Economie et aux Finances, comme celui aussi de Roland Lescure, ex-ministre de l'Industrie, dont le nom avait circulé pour le poste de chef du gouvernement.