Course contre la montre pour secourir l'archipel français de Mayotte dévasté par un cyclone

La rédaction
10:3516/12/2024, lundi
MAJ: 16/12/2024, lundi
AFP
La barge inter-îles "Karihani" échouée au milieu des débris à Mamoudzou, après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte, dans l'océan Indien, le 15 décembre 2024.
Crédit Photo : KWEZI / AFP
La barge inter-îles "Karihani" échouée au milieu des débris à Mamoudzou, après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte, dans l'océan Indien, le 15 décembre 2024.

Une course contre la montre est engagée à Mayotte pour venir en aide aux sinistrés de cet archipel français de l'océan Indien dévasté par un cyclone meurtrier, où l'eau et la nourriture manquent, et tenter de retrouver des survivants dans les décombres des bidonvilles.

Les ministres démissionnaires de l'Intérieur et des Outre-mer, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, sont attendus lundi en fin de matinée dans le département le plus pauvre de France, où les autorités redoutent
"plusieurs centaines"
de morts.

"Je pense qu'il y aura certainement plusieurs centaines, peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers"
de morts, a déclaré le préfet du département français d'outre-mer François-Xavier Bieuville sur la chaîne publique Mayotte la 1ère, estimant qu'il sera
"très difficile d'avoir un bilan final".

En outre, la population clandestine du territoire dépasse les 100.000 personnes selon le ministère de l'Intérieur - sur quelque 320.000 habitants officiellement dénombrés -, rendant improbable un décompte exhaustif des morts.


Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, le cyclone Chido, le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a ravagé samedi le petit archipel où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.

Cases anéanties, toits en tôle envolés, poteaux électriques à terre, arbres arrachés... Les habitants, qui sont restés confinés pendant le passage du cyclone, ont découvert, sidérés, des scènes de chaos. A travers le territoire, de nombreuses routes sont impraticables et beaucoup de communications coupées.


Ousseni Balahachi, un infirmier à la retraite, depuis Mamoudzou, le centre administratif de Mayotte, raconte à l'AFP:


C'est un carnage. Le tribunal, la préfecture, beaucoup de services, de commerces, des écoles sont à terre.

L'hôpital a été inondé et risque selon lui de ne pas pouvoir soigner les nombreux blessés dans de bonnes conditions.

Un pont aérien et maritime a été organisé depuis l'île française de La Réunion, territoire distant de 1.400 kilomètres, pour envoyer du matériel et des personnels médicaux et de secours. Un total de 800 personnels de la sécurité civile sont envoyés en renfort, avec un hôpital de campagne et du matériel de transmission par satellite. 


Les secouristes s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, a dit le maire de la ville Ambdilwahedou Soumaila.


"Appels au secours"


Des équipes
"ont commencé à œuvrer pour libérer les accès dans les zones reculées",
"nous espérons encore trouver des survivants",
a ajouté l'édile, qui précise avoir reçu
"beaucoup d'appels au secours".

Nombre d'immigrés sans papiers des bidonvilles n'avaient pas rejoint les abris prévus par la préfecture,
"en pensant que ce serait un piège qu'on leur tendait (...) pour les ramasser et les conduire hors des frontières",
selon l'ex-infirmier Ousseni Balahachi.

De nombreux sinistrés ont rejoint dimanche les centres d'hébergement, a rapporté Salama Ramia, sénatrice de Mayotte. Auprès de la chaîne BFMTV, l'élue s'est alarmée:


Mais il n'y a malheureusement pas d'eau, pas d'électricité, la faim commence à monter.

"Certains de mes voisins ont déjà faim et soif",
se désole aussi Lucas Duchaufour, un kinésithérapeute vivant à Labattoir, une commune de l'île de Petite-Terre. Qui relève que tous les arbres fruitiers, comme les manguiers, ont été déracinés.

Des habitants évoquent un climat d'insécurité, avec des scènes de pillages dans la zone industrielle de Kawéni à Mamoudzou, comme l'a rapporté à l'AFP Frédéric Bélanger, 52 ans.

"On a peur de se faire agresser, de se faire piller",
a confié Océane, infirmière au centre hospitalier de Mayotte, à la chaîne BFMTV. Quelque 1.600 policiers et gendarmes sont mobilisés sur le terrain, notamment pour
"éviter les pillages"
, a indiqué le préfet.

En visite sur l'île française de la Corse dimanche, le pape François a dit soutenir
"par l'esprit"
les victimes de cette
"tragédie".
En rencontrant le chef de l'Eglise catholique, le président Emmanuel Macron a promis
"d'agir"
pour les Mahorais.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré que l'UE était prête à aider la France
"dans les jours à venir".

Après Mayotte, le cyclone Chido a frappé le nord du Mozambique dimanche matin. Au moins trois personnes ont été tuées dans le nord du pays lors de son passage, qui a provoqué des vents violents et des pluies torrentielles qui ont aussi détruit plusieurs immeubles, selon un bilan provisoire.


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