La Suède extrade un faux terroriste du PKK à la Türkiye

La rédaction
19:5012/06/2023, Monday
MAJ: 13/06/2023, Tuesday
Yeni Şafak
Crédit photo: THIBAUD MORITZ / AFP
Crédit photo: THIBAUD MORITZ / AFP

La Suède, pressé par son adhésion à l’OTAN, s’apprêtait à extrader Mehmet Kokulu à la Türkiye en tant que "membre du PKK", alors qu’il n'était pas condamné pour appartenance à une organisation terroriste, mais pour trafic de stupéfiants.

Lorsque Kokulu a appris qu'il serait extradé en raison d'une affaire de drogue, il a tenté de fuir en prétextant qu'il était membre du HDP et qu'il soutenait le parti terroriste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).


La Suède qui a approuvé le projet de loi sur la lutte contre le terrorisme en espérant que la Türkiye approuverait sa candidature à l’OTAN, s’est pour la première fois prononcée sur un arrêté d’expulsion. La Cour suprême suédoise a validé l'extradition de Mehmet Kokulu, 35 ans, vers la Türkiye.


Cependant, il a été révélé que Kokulu, dont l'extradition vers la Türkiye avait été décidée, était accusé pour trafic de stupéfiant et non pas pour liaison avec l’organisation terroriste du PKK.

Yeni Safak a obtenu les informations à propos de la défense de Kokulu au tribunal.


Il a changé sa défense pour rester en Suède


Kokulu a déclaré qu’il avait quitté la Türkiye en toute légalité après avoir purgé sa peine de cinq ans, suite à ses aveux concernant son implication dans le trafic de drogue en Türkiye, son incarcération, sa libération conditionnelle pour bonne conduite et son interdiction de voyage.


L'accusé précise qu'il est arrivé en Suède en 2018 et réside depuis lors avec un permis de travail.


Kokulu, accusé pour trafic de stupéfiants, a modifié sa défense devant le tribunal afin d'obtenir de la Suède l’annulation de l'arrêté d’expulsion.

Je suis du HDP, je soutiens le PKK.

Il a modifié sa déclaration de défense en disant qu'il était membre des groupes terroristes du HDP (Parti démocratique des peuples) et du PKK, qu'il était Kurde et qu'il militait activement pour la cause kurde.


Lors du procès, l'accusé a avancé qu'il avait été activement engagé auprès du HDP de 2009 à 2012. Il prétend avoir participé à divers programmes organisés par ce groupe de terroriste, tout en exprimant son soutien au YPG (Unités de protection du peuple) et au PKK. De plus, Kokulu a mentionné qu’entre 2019 et 2020, il a critiqué ouvertement le gouvernement turc sur sa page Facebook en revendiquant
"l’autonomie"
.

Aveux au sujet de son affiliation à l'organisation terroriste FETÖ


Pour éviter l'extradition, Kokulu est allé encore plus loin en affirmant qu'il était membre de FETÖ (organisation terroriste de Fethullah Gülen) .


Énonçant qu'il avait téléchargé ByLock, le programme de communication secret de l'organisation, sur son téléphone mais qu'il ne l'avait jamais utilisé, Kokulu a indiqué qu'il était sur place lors des manifestations du parc Gezi et qu'il avait même été blessé par balle par la police. Kokulu a expliqué qu'il avait ensuite été soumis à la torture et a ajouté qu'on lui avait arraché les ongles avec une pince.


L'accusé a prétendu ne pas avoir transmis toutes ces informations lors de son interrogatoire par la police suédoise en raison des actes de torture auxquels il aurait été soumis en Türkiye.


La décision finale incombe au gouvernement


Malgré cette défense, la Cour suprême suédoise n'a pas annulé le verdict. C'est le gouvernement suédois qui déterminera en dernier ressort si Kokulu sera extradé vers la Türkiye ou non.


En Suède, c'est le gouvernement qui prend les décisions à propos des demandes d'extradition, toutefois, si la Cour suprême émet un avis défavorable, l'expulsion ne pourra être exécutée.


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