Crédit Photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP
La victime centrale dans le procès de viols en série, Gisèle Pelicot.
"Ils ne savaient pas" qu'ils commettaient un viol sur Gisèle Pelicot car ils "étaient manipulés" par son mari: plusieurs avocats ont à nouveau égrené jeudi cette ligne de défense pour dédouaner leurs clients au procès de viols en série commis sous soumission chimique, dans le sud-est de la France.
Ces trois avocats, qui défendent huit des 51 hommes poursuivis pour la plupart pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot, préalablement sédatée par son désormais ex-époux Dominique à leur domicile, ont terminé leur plaidoirie en réclamant l'acquittement de leurs clients.
Le ministère public avait à l'inverse début décembre demandé entre 12 et 14 ans de réclusion criminelle contre ces huit accusés, martelant
"qu'on ne peut plus en 2024 dire: 'Puisqu'elle n'a rien dit, elle était d'accord', c'est d'un autre âge".
"Le vrai seul débat à mes yeux est celui de l'intention coupable"
, a expliqué devant la cour criminelle de Vaucluse Me Guillaume De Palma, estimant que ses clients
"ne savaient pas, ne pouvaient pas savoir".
Et d'enjoindre à la cour à ne pas rendre son verdict, prévu le 19 ou 20 décembre, uniquement sur la base des vidéos, au risque sinon d'avoir
"une justice d'apparence, photosensible".
"Pourquoi on n'a pas dans les échanges: 'Tu vas aller violer, une femme droguée, avec ton uniforme'? Pourquoi on n'a pas ça? Parce que ça n'existe pas!"
, a-t-il dit en parlant de Christian L., 56 ans, un ex-pompier qui s'est rendu en pleine journée, une fois, en février 2019 au domicile des Pelicot en tenue professionnelle pour y agresser sexuellement Gisèle.
Christian L.
"n'était pas du tout d'accord pour avoir une relation sexuelle avec une femme endormie, droguée. Ce n'était pas le projet de Christian L."
, assure-t-il.
Avançant sur une ligne de crête, Me De Palma évoque un soi-disant mouvement de la main qui aurait pu faire croire à son client que Gisèle Pelicot était consciente. Et de poursuivre:
Il effectue une caresse. Ce n'est pas un geste de violeur, pardon de le dire.
Sur le banc des parties civiles, Gisèle Pelicot souffle d'exaspération et lève les yeux au ciel.
L'avocat, très critiqué au début de ce procès, y compris par certains de ses confrères, pour avoir affirmé qu'
, estime que
de son client a été
par les manipulations du mari Pelicot.
Tous les accusés, selon lui,
"n'ont pas pu s'extirper de ce schéma criminel. Ils ignoraient, comme Gisèle Pelicot, sa fille, ses fils, son gendre, ses belles-filles"
que Dominique Pelicot
"était un prédateur sexuel".
Sa consoeure Isabelle Crépin-Dehaene a elle usé de la métaphore filée autour du Minotaure que serait Dominique Pelicot, cette figure de la mythologie grecque
"mi-homme mi-taureau, symbole de l'homme dévoré par ses pulsions".
Ses clients, Redouan E. et Ahmed T. contre qui le ministère public a requis 12 ans de prison, auraient été
"emportés par la folie d'un homme qui les a instrumentalisés"
, tombés dans
"le scénario sexuel, celui de la belle endormie"
qu'était, à leurs yeux, Gisèle Pelicot, soutient l'avocate.
"Pensez-vous un seul instant qu'un homme, aussi demeuré soit-il, aurait accepté la demande: 'Bonjour, je cherche un homme pour violer ma femme droguée chimiquement'?"
, a-t-elle lancé.
Selon elle, tout comme sa consoeure Alexia Berard, qui défend Mahdi D. et Adrien L. (12 et 13 ans de prison requis), ses clients ont simplement cru à un
, pratique dont ils étaient friands.
Selon Mme Crépin-Dehaene:
Ces hommes sont entrés chez le Minotaure pour avoir un rapport sexuel consenti. Ces hommes ont été utilisés.
Pour Me Berard, le
devrait conduire la cour à acquitter ces accusés car
"la justice protège tout le monde de l'arbitraire".
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