Les ONG écologistes à Bruxelles hésitent à dialoguer avec l'extrême droite, face à ses positions climatosceptiques et son influence croissante.
La présence renforcée de l'extrême droite à la Commission et au Parlement européens embarrasse les ONG de défense de l'environnement. Ces organisations sont partagées entre leur volonté de peser à Bruxelles et leur combat contre toute forme de climatoscepticisme.
Parler ou non avec l'extrême droite ? La question divise les militants écologistes face à la nouvelle configuration bruxelloise.
À la Commission, l'Italien Raffaele Fitto, membre du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, a obtenu une vice-présidence sur la cohésion des territoires. Il supervise également les trois commissaires européens chargés de l'agriculture, de la pêche et des transports.
En pratique, cette ONG ne s'adresse pas à Raffaele Fitto mais aux autres commissaires. Elle applique la même règle au Parlement européen, où elle travaille avec les eurodéputés de "l'arc démocrate", mais évite les 187 parlementaires des trois groupes d'extrême droite. Ces derniers s'opposent régulièrement aux normes environnementales.
"Entre gens déjà convaincus"
Depuis les élections européennes de juin, marquées par une poussée de l'extrême droite, les ONG redoutent un détricotage du Pacte vert, adopté lors de la précédente législature.
Elles espèrent cependant peser dans les négociations à venir, notamment pour atteindre l'objectif affiché par la Commission européenne de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2040, par rapport à 1990.
Chez Surfrider, engagée dans la préservation des océans, on adopte une prudence vis-à-vis de l'extrême droite.
Pour un événement de sensibilisation organisé en octobre au Parlement européen, l'association avait invité des eurodéputés de tous bords, y compris ceux d'un groupe d'extrême droite, ECR, considéré comme moins radical.
Membre d'ECR et de Fratelli d'Italia, l'eurodéputé Michele Picaro avait répondu présent et relayé l'événement sur les réseaux sociaux, provoquant des tensions parmi certains militants écologistes.
Il a récemment maintenu cette ligne en appelant à la libération de Paul Watson, figure emblématique de la lutte contre la chasse à la baleine, détenu provisoirement au Groenland.
Sur les réseaux sociaux, Hugo Clément a même félicité les élus ayant soutenu Paul Watson, y compris David Rachline, maire RN de Fréjus.