Corée du Sud: la défense du président déchu va "contester au tribunal" les accusations de rébellion contre lui

10:0417/12/2024, mardi
AFP
Le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol.
Crédit Photo : Handout / Bureau présidentiel sud-coréen / AFP
Le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol.

Les avocats du président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol vont "contester au tribunal" les accusations de rébellion portées contre lui pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale au début du mois, a rapporté mardi l'agence Yonhap.

Suspendu samedi par les députés dans le cadre d'une procédure de destitution, M. Yoon est sous le coup de deux enquêtes judiciaires pour
"rébellion"
, après avoir proclamé à la surprise générale la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre et envoyé l'armée au Parlement pour le museler. Il avait fait marche arrière six heures plus tard, sous la pression de l'Assemblée nationale et des manifestants.

L'ex-procureur star de 63 ans risque la prison à perpétuité, voire théoriquement la peine de mort, s'il est reconnu coupable de "rébellion". Il lui est actuellement interdit de quitter le territoire.

"La tentative de M. Yoon ne remplit pas les conditions requises pour constituer une rébellion"
, a estimé mardi l'un de ses avocats, selon Yonhap, ajoutant:
"Nous contesterons (les allégations) au tribunal"
.

"Bien que nous ne considérions pas les accusations de rébellion comme étant légalement valides, nous nous plierons aux enquêtes"
, a précisé Seok Dong-hyeon, un autre avocat de la défense.

Le parquet a sommé M. Yoon de se présenter d'ici samedi pour un interrogatoire, au risque de faire l'objet d'un mandat d'arrêt en cas de refus, selon Yonhap. Le président suspendu repousse ces convocations depuis dimanche.

Parallèlement, une équipe d'enquêteurs de la police, de l'agence anticorruption et du ministère de la Défense a tenté mardi de perquisitionner les locaux de la garde présidentielle pour obtenir des enregistrements téléphoniques, rapporte Yonhap.


Sur le plan politique


La Cour constitutionnelle a commencé lundi à examiner la procédure de destitution de M. Yoon, avec un délai estimé à six mois pour statuer sur la validité de la motion votée par les députés. Si la Cour confirme la destitution, une élection présidentielle devra avoir lieu dans les deux mois. Le vainqueur prendrait immédiatement ses fonctions, sans période de transition.


Pendant cette période d'intérim, le Premier ministre Han Duck-soo assurera les fonctions présidentielles. Une première audition préliminaire est fixée au 27 décembre. M. Yoon ne sera pas tenu d'y assister, selon Lee Jean, porte-parole de la Cour.

L'issue de la procédure semble évidente pour de nombreux experts, qui estiment que les violations constitutionnelles reprochées à M. Yoon sont flagrantes.


Mobilisation populaire


Depuis le coup de force de Yoon Suk Yeol, d'importantes manifestations anti-Yoon se sont multipliées dans le pays, tandis que de plus petits rassemblements ont eu lieu pour le soutenir. Les deux camps ont promis de poursuivre leur mobilisation jusqu'à la décision finale de la Cour constitutionnelle.

Lundi soir, des centaines de Sud-Coréens se sont réunis dans le centre de Séoul pour une veillée, réclamant la destitution officielle de M. Yoon.
"Je suis revenu ici, en espérant que nous n'aurons jamais un autre président comme lui"
, a déclaré Kim Chan-suk, 67 ans.

"Je sors tous les jours pour continuer le combat jusqu'à ce que la Cour constitutionnelle rende son jugement"
, a ajouté Han Myung-hak, 52 ans.

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