Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec le secrétaire d'État américain au siège du ministère dans la capitale turque, Ankara, le 13 décembre 2024.
Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a annoncé la réouverture de l'ambassade de Türkiye à Damas à compter de samedi.
Fidan s'exprimait dans une interview accordée vendredi à la chaîne turque "NTV" concernant les développements en Syrie.
Le ministre turc des Affaires étrangères a annoncé qu'il avait nommé Burhan Koroglu comme chargé d'affaires temporaire de l'ambassade de Türkiye à Damas précisant que ce dernier s'est déjà rendu sur place vendredi.
Revenant sur les faits survenus récemment en Syrie avec la chute du régime d'Al-Assad, Fidan a salué le
"courage et la détermination de l'opération militaire menée par les factions de l'opposition syrienne contre le président déchu Bachar al-Assad".
Avertissement à Israël
Avertissement à Israël
Le ministre turc a, en outre, annoncé qu'Israël a été informé de la nécessité de cesser ses provocations en occupant des terres dans le Golan syrien, et du danger de cette stratégie.
Il a également souligné qu'Israël mène une stratégie visant à détruire les capacités et le potentiel de la nouvelle administration syrienne.
"Je pense que cette stratégie est très dangereuse et pourrait conduire à des provocations majeures. Il semble qu'ils (les Israéliens) ignorent ce danger et les choses pourraient ne pas se passer aussi bien qu'ils le pensent",
a mis en garde le ministre turc ajoutant :
C'est pour cette raison que nous les avons informés clairement et leur avons dit d'arrêter les provocations et de cesser de bombarder les zones sous le contrôle de l'administration syrienne.
Il a souligné qu'Israël veut ouvrir une zone en Syrie pour lancer des opérations aériennes et terrestres
"à tout moment",
indiquant qu'il s'agit d'un
"plan militaire israélien".
Fidan a, par ailleurs, déclaré :
"La Syrie a un gouvernement national qui ne reconnaît ni les YPG ni aucune autre force, et il rétablira sa souveraineté et son intégrité territoriale"
soulignant que
"personne n'acceptera que les terroristes du PKK, venus de Türkiye, d'Irak, d'Iran et d'Europe, extraient du pétrole (en Syrie) et le vendent au monde par l'intermédiaire de contrebandiers via le nord de l'Irak et en tirent des revenus".
Il a souligné que Hay'at Tahrir al-Sham (HTS) avait auparavant géré les affaires de 5 millions de Syriens dans les zones sous son contrôle précisant que :
"Rien qu'à Idlib, il y avait 4 millions de nos frères syriens. Et ils ont gagné au cours des quatre ou cinq dernières années en matière de fourniture de services de base, d'éducation, de transport et autres".
Le ministre turc des Affaires étrangères s'est, en outre, dit confiant quant à la capacité de l'administration syrienne et de son peuple à créer les conditions appropriées pour le retour des réfugiés syriens.
"Tout le monde veut rentrer chez lui, et à mesure que la situation s'améliore et que les gens sentent que cette amélioration continue, je pense que le nombre de rapatriés va certainement augmenter",
a-t-il ajouté.
Soutenir la nouvelle administration à Damas
Soutenir la nouvelle administration à Damas
Le ministre turc a expliqué que l'objectif pour la nouvelle phase en Syrie est de
"convaincre la communauté internationale et les acteurs régionaux de protéger le peuple syrien, de soutenir la nouvelle administration à Damas et de coopérer pour rétablir la stabilité en Syrie".
Il a souligné la nécessité d'empêcher que la Syrie ne devienne à nouveau une arène de lutte pour le pouvoir et l'influence.
Il a, par ailleurs, déclaré que l'intention et la politique de la Türkiye concernant la question syrienne ont toujours été axées sur un seul point, à savoir
"assurer le bien-être et la prospérité du peuple syrien".
Parlant de l'Armée nationale syrienne, Fidan a salué la capacité du peuple syrien à s'organiser, citant les débuts du déclenchement des événements et la création de
"l'Armée syrienne libre"
par les Syriens, qui était le noyau de l'Armée nationale syrienne.
Il a ajouté que les années qui ont suivi le déclenchement des événements syriens ont été témoins de changements dans la stratégie des États-Unis, ainsi que de certains acteurs régionaux et européens, concernant le dossier syrien, et cela s'est traduit par une concentration sur la lutte contre Daech au lieu de soutenir l'opposition syrienne.
Fidan a expliqué que ce changement de stratégie de Washington et des parties qui l'accompagnaient a entraîné
"des problèmes géostratégiques inimaginables pour eux, et leurs effets se sont étendus à d'autres régions".
Il a souligné qu'Ankara avait à l'époque averti ces pays et ces parties à des réactions russes aux mesures qu'ils prenaient et de la propagation de leurs répercussions à d'autres régions,
"et c'est exactement ce qui s'est passé".
Il a, enfin, souligné que la question syrienne n'est pas seulement une affaire à régler sur la scène syrienne, mais plutôt
"une véritable lutte politique est menée à ce sujet également à l'intérieur de la Türkiye".
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