La crise en Géorgie pourrait s'accentuer samedi avec l'élection attendue à la présidence de l'ex-footballeur d'extrême droite Mikheïl Kavelachvili, une personnalité loyale au gouvernement contesté par une vague de manifestations pro-UE.
Un rassemblement est déjà annoncé pour la matinée devant le Parlement, où un collège électoral contrôlé par le parti au pouvoir doit le désigner par un vote boycotté par l'opposition.
Mikheïl Kavelachvili, connu pour ses diatribes contre les détracteurs du pouvoir, est officiellement le seul candidat car l'opposition a refusé de siéger au Parlement - après les législatives controversées d'octobre - et n'a proposé personne pour ces fonctions.
L'ex-république soviétique traverse une période de troubles depuis que le parti au pouvoir a revendiqué la victoire aux élections parlementaires du 26 octobre, et que le gouvernement a décidé le mois dernier de laisser en suspens jusqu'en 2028 les négociations d'adhésion à l'UE.
Dans la capitale, Tbilissi, la principale manifestation antigouvernementale a rassemblé chaque soir devant le Parlement des milliers de personnes au cours des trois dernières semaines, venus dénoncer des accusations de fraude électorale et le détournement du pays de la voie européenne.
Désignation "illégitime"
L'actuelle cheffe de l'Etat, Salomé Zourabichvili, qui a des prérogatives limitées mais est en rupture avec le gouvernement et soutient les manifestants, a dit qu'elle refuserait de rendre son mandat tant que de nouvelles législatives n'auraient pas été organisées.
En Géorgie, les pouvoirs du chef de l'Etat sont limités et essentiellement symboliques. Mais cela n'a pas empêché l'ex-diplomate française de 72 ans, en rupture avec le gouvernement, de devenir l'une des voix de l'opposition pro-européenne.
Au cours des deux premières semaines de manifestations, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les rassemblements quotidiens de milliers de personnes. Des protestataires ont, quant à eux, recouru à des mortiers d'artifice contre les forces de l'ordre.
Plus de 400 manifestants ont été interpellés, selon des chiffres officiels, dont au moins 30 pour des infractions pénales, passibles de peines sévères.
"Saper la démocratie"
Le Rêve géorgien a affirmé que l'opposition était responsable des violences, relevant que les rassemblements étaient depuis plusieurs jours plus calmes. Des descentes de police ont conduit à la saisie de quantités de feux d'artifice et à l'arrestation de plusieurs meneurs de l'opposition.
Pas encore élu au poste de président, Mikheïl Kavelachvili voit sa légitimité déjà contestée par des experts en droit constitutionnel.