France: Bayrou place la dette et la "réconciliation" au cœur de son mandat

10:3514/12/2024, samedi
MAJ: 14/12/2024, samedi
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Le nouveau Premier ministre français et président du Mouvement démocrate (MoDem) François Bayrou s'exprime lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs à l'hôtel Matignon à Paris, le 13 décembre 2024.
Crédit Photo : Abdul Saboor / AFP
Le nouveau Premier ministre français et président du Mouvement démocrate (MoDem) François Bayrou s'exprime lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs à l'hôtel Matignon à Paris, le 13 décembre 2024.

Le nouveau Premier ministre français, François Bayrou, a pris ses fonctions ce vendredi à Matignon, succédant à Michel Barnier, après une passation marquée par des discours empreints de gravité.

Dès le début de son intervention, l'ancien Haut-Commissaire au Plan a dénoncé les inégalités qui touchent une partie de la population en raison de leurs origines ou de leur religion. Il a fustigé
"l'idée que, parce qu'on est né dans un quartier ou dans un village, parce qu'on porte un nom, parce qu'on pratique une religion ou qu'on est attaché à cette religion, les portes ne sont pas ouvertes pour vous".

François Bayrou a poursuivi en soulignant que la réussite est trop souvent réservée à ceux qui possèdent les
"codes"
, les
"réseaux"
ou encore
"la carte et la boussole pour se diriger dans la vie"
.
"Si vous ne les avez pas, alors, je le crains, vous vous trouvez aujourd'hui dans une situation qui est moins ouverte qu'elle ne l'était il y a quelques décennies. Et pour moi, ceci est insupportable"
, a-t-il ajouté.

Un "Himalaya" budgétaire à surmonter


François Bayrou a également insisté sur l'ampleur des défis financiers auxquels la France est confrontée. Le déficit et la dette, selon lui, ne relèvent pas seulement d'un problème économique, mais aussi d'une question morale.
"Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation"
, a-t-il affirmé, évoquant les décennies de gestion marquées par une absence de recherche des
"équilibres nécessaires".

Le Premier ministre a qualifié la tâche de « montagne à gravir » et insisté sur la nécessité de l'affronter sans détour.
"Nous avons le devoir (...) d'affronter les yeux ouverts, sans timidité, la situation héritée de décennies entières"
, a-t-il déclaré. Avec une Assemblée nationale sans majorité, il devra proposer un budget pour l'année prochaine, dans un contexte économique et politique tendu. Pour rappel, la dette publique française atteint 112,2 % du PIB, tandis que le déficit est estimé à 5,6 % pour l'année 2024.

La réconciliation comme chemin vers le succès


François Bayrou a plaidé pour une
"réconciliation nécessaire"
au sein de la société française, qu'il considère comme éclatée. Insistant sur les fractures sociales et les tensions liées aux origines, idéologies ou à la religion, il a souligné la nécessité de dépasser
"les guerres stupides et secondaires"
pour bâtir un avenir commun.

En citant Henri IV, qu'il a décrit comme une figure historique de réconciliation, Bayrou a exprimé sa volonté de suivre cet exemple: "Si je peux, à mon tour, j'essaierai de servir cette réconciliation nécessaire." Henri IV, roi de France au XVIe siècle, est célèbre pour avoir mis fin aux guerres de religion en France, notamment par l'Édit de Nantes de 1598, qui garantissait la liberté de culte aux protestants tout en consolidant l'autorité royale. Par son approche pragmatique, il a incarné l'idée de réunir une nation divisée autour d'un intérêt commun.


Un mur de verre entre citoyens et pouvoir à abattre


Le nouveau Premier ministre a mis en lumière la défiance profonde entre les citoyens et les institutions, qu'il a décrite comme un
"mur de verre"
. Ce fossé, selon lui, est l'un des principaux ennemis à combattre. Il a promis de
"débarrasser la parole publique et le débat des artifices"
, dans l'espoir de restaurer un lien de confiance et d'authenticité.

Dans un passage plus personnel, François Bayrou a rappelé ses origines modestes pour souligner son attachement à l'égalité des chances.
"Notre devoir, en tant que républicains, est d'être obsédés par l'idée de rendre des chances à ceux qui n'en ont pas"
, a-t-il affirmé. Il a également insisté sur l'importance de l'école comme outil pour réduire les inégalités et offrir à chacun la possibilité de maîtriser son destin.

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