Thaïlande: le principal parti d'opposition menacé de dissolution

14:1512/03/2024, Salı
AFP
Le porté-parole du MFP, Parit Wacharasindhu.
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Le porté-parole du MFP, Parit Wacharasindhu.

La commission électorale thaïlandaise a annoncé mardi qu'elle demanderait à la Cour constitutionnelle de dissoudre le parti d'opposition Move Forward Party, arrivé en tête des législatives de mai dernier avec un programme de réformes, notamment de la législation sur la lèse-majesté.

La commission a indiqué dans un communiqué avoir décidé à
"l'unanimité"
de demander cette dissolution, en raison de la promesse de campagne faite par le parti d'assouplir cette législation, très sévère.

"Ce qui s'est passé aujourd'hui, ce n'est pas ce que nous souhaitions (...) mais ce n'est pas une surprise"
, a réagi le porte-parole du MFP, Parit Wacharasindhu.

"Personne ne doit en conclure que la MFP a été dissous, tant que la décision n'a pas été rendue",
a-t-il défendu devant la presse. Et
"personne ne doit penser que la dissolution d'un parti est normale, quel que soit le parti concerné"
, a-t-il ajouté.

Le MFP a bouleversé l'ordre politique thaïlandais lors des élections législatives de mai.


La percée de cette formation réformiste a réveillé de vieilles divisions en Thaïlande, où le pouvoir reste aux mains des élites économiques et militaires attachées au roi, en dépit de l'aspiration au changement exprimée dans les urnes par les nouvelles générations.


Le parti, incarné par Pita Limjaroenrat, personnalité télégénique qui détonne sur la scène politique thaïlandaise, est le seul dans le pays à évoquer ouvertement une réforme de la loi sur la lèse-majesté.


Cette législation, considérée comme l'une des plus sévères au monde, expose les accusés à de lourdes peines pour un champ très large de délits. Elle peut s'appliquer pour des actions commises à l'extérieur du royaume.


Le programme du MFP prône plus largement une refonte des institutions et la fin de certains monopoles familiaux qui dominent des secteurs économiques du pays, avançant que la Thaïlande stagne depuis le coup d'Etat des généraux de 2014.

Face à son succès électoral, ses adversaires ont formé une coalition hétéroclite pour l'exclure du pouvoir, soulignant la dangerosité selon eux de Move Forward pour la monarchie.


La décision de la commission électorale fait suite à un jugement rendu fin janvier par la Cour constitutionnelle du royaume.


Elle avait estimé que la volonté du parti de réformer la législation sur la lèse-majesté équivalait à une tentative de renversement de la monarchie, et lui avait ordonné de retirer ce projet de son programme.


Les juges n'avaient pas prononcé de sanction explicite, mais au lendemain de cette décision de justice, deux requêtes avaient été déposées auprès de la commission électorale pour demander la dissolution du parti.


"La commission électorale a examiné la requête et accepte à l'unanimité de demander la dissolution du parti Move Forward à la Cour constitutionnelle"
, a-t-elle indiqué mardi dans un communiqué.

Il n'y a pas de délai fixé pour la décision de la Cour, mais dans une précédente affaire, elle s'était prononcée quelques mois après la demande de la commission électorale.


Selon des groupes de défense des droits humains, la lèse-majesté, connue en Thaïlande comme l'article
"112"
, a été détournée pour étouffer toute contestation dans la foulée des manifestations pro-démocratie de 2020 et 2021.

Ils affirment que la législation sur la diffamation envers la royauté et d'autres lois sont interprétées de manière si large qu'elles sont devenues un outil pour cibler la dissidence.

Mi-janvier, un tribunal avait condamné en appel un activiste à 50 ans de prison pour une série de publications sur Facebook jugées diffamatoires envers le roi Maha Vajiralongkorn et sa famille, une peine record.


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