France: le port du voile, un frein massif à l'accès à l'emploi

13:5110/12/2024, mardi
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Selon l'étude, porter un voile réduit de 81,4 % les chances de recevoir une réponse positive et réduit de plus de 30 % les réponses non négatives.
Crédit Photo : ignartonosbg / Pixabay
Selon l'étude, porter un voile réduit de 81,4 % les chances de recevoir une réponse positive et réduit de plus de 30 % les réponses non négatives.

Une étude publiée ce lundi 9 décembre par l'Observatoire national des discriminations et de l'égalité dans le Supérieur (Ondes) éclaire l'impact majeur du port du voile sur les chances d'accéder à l'emploi en France.

L'enquête a évalué les réponses des recruteurs à des candidatures fictives pour des contrats d'apprentissage en BTS Comptabilité-Gestion.


Les résultats mettent en évidence une discrimination significative: porter un voile réduit de 81,4 % les chances de recevoir une réponse positive et réduit de plus de 30 % les réponses non négatives.

Une discrimination systématique documentée


Selon l'étude présentée ce lundi par l'université Gustave-Eiffel, les réponses des recruteurs ont été classées en trois catégories: négative, non négative (comme une demande de complément d'information) et positive (une invitation à un entretien).


Les candidates voilées ont été particulièrement désavantagées.


Par exemple, les candidates signalant une origine française et portant le voile ont reçu seulement 2,46 % de réponses positives contre 13,26 % pour leurs homologues non voilées.

Pour les candidates d'origine maghrébine, les chiffres sont tout aussi édifiants: seulement 1,19 % de réponses positives pour les candidates voilées contre 7,86 % pour celles non voilées.


L'étude confirme également que cette
"pénalité"
dépasse la simple absence de réponses positives. La probabilité de recevoir une réponse non négative est réduite de 31,3 % pour les candidates françaises voilées et de 34,8 % pour les candidates maghrébines voilées.

"Ces données révèlent une discrimination systématique liée au port du voile",
indique le rapport.

L'islamophobie comme frein à l'emploi


Le document pointe également un phénomène d'islamophobie qui semble agir indépendamment des origines des candidates.


"La pénalité associée au port du foulard s'exerce de manière équivalente pour les candidates signalant une origine française ou maghrébine"
, précisent les auteurs.

Cette discrimination est ainsi spécifiquement religieuse et découplée des préjugés liés à l'ethnicité ou à l'origine.

Alors que le port du voile fait l'objet de débats récurrents en France, notamment sous l'angle de la laïcité, le rapport met en lumière l'impact concret de ce stigmate sur l'accès au marché du travail. Et le rapport de conclure:


L'islamophobie institutionnalisée est un frein majeur à l'inclusion des femmes voilées.

Un défi pour les politiques publiques


Dans un contexte où le marché de l'apprentissage cherche à favoriser l'insertion des jeunes, ces résultats interrogent.


Les chercheuses et chercheurs soulignent que les candidates voilées doivent envoyer environ 200 candidatures pour espérer obtenir une réponse positive, un chiffre qui témoigne de la persistance des discriminations.

Le rapport appelle les décideurs publics à renforcer la lutte contre l'islamophobie et à sensibiliser les employeurs.


Alors que l'égalité des chances est un pilier des politiques publiques françaises, ces résultats illustrent le chemin qui reste à parcourir pour construire une société véritablement inclusive.


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