Corée du Sud: menacé de destitution, Yoon dit vouloir "se battre jusqu'à la dernière minute"

09:5912/12/2024, jeudi
AFP
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol prononçant un discours au bureau présidentiel à Séoul, le 12 décembre 2024.
Crédit Photo : Handout / Bureau présidentiel sud-coréen / AFP
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol prononçant un discours au bureau présidentiel à Séoul, le 12 décembre 2024.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, menacé de destitution après sa tentative d'imposer la loi martiale il y a une semaine, a affirmé jeudi qu'il "se battra jusqu'à la dernière minute", accusant l'opposition de provoquer "une crise nationale".

Le Parlement, contrôlé par l'opposition, prévoit de soumettre samedi au vote une nouvelle motion pour le démettre de ses fonctions.
"Il est devenu un monstre détruisant l'ordre constitutionnel de la démocratie libérale"
, a fustigé M. Yoon dans un discours télévisé.

"Je me battrai avec le peuple jusqu'à la dernière minute"
, a martelé le dirigeant conservateur, dont la cote de popularité a plongé à 13 % après son coup de force.

Depuis son élection en 2022 avec la marge la plus étroite de l'histoire du pays face au chef de file du Parti démocrate, M. Yoon n'a jamais disposé de la majorité à l'Assemblée.


Invoquant des difficultés à faire passer son budget, il a surpris le pays en imposant la loi martiale par surprise dans la nuit du 3 au 4 décembre, avant d'être contraint de l'abroger six heures plus tard sous la pression du Parlement et de la rue.


Il a échappé de peu samedi à une motion de destitution par l'Assemblée nationale, sauvé par son parti. Mais le Parti démocrate a fixé à samedi 17h00 locales (08h00 GMT) un deuxième vote en ce sens.

Si huit députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon soutiennent cette nouvelle motion, elle pourra être adoptée. Lors de la première tentative, le 7 décembre, seuls deux avaient voté pour la motion. Depuis mardi, trois autres ont annoncé qu'ils s'y rallieraient.


"Je m'excuse à nouveau auprès des personnes qui ont dû être surprises et inquiètes en raison de la loi martiale (...) Je vous prie de croire en ma loyauté chaleureuse envers le peuple"
, a déclaré le président jeudi, assurant qu'il
"n'esquiverait pas (sa) responsabilité juridique et politique concernant la proclamation de la loi martiale".

Visé par une enquête pour
"rébellion"
, M. Yoon, 63 ans, a interdiction de quitter le territoire, tout comme ses anciens ministres de la Défense, de l'Intérieur, et le commandant de la brève loi martiale. Deux hauts responsables de la police ont également été arrêtés.

Mercredi, la police sud-coréenne a affirmé avoir été entravée dans une perquisition des bureaux présidentiels.


Le Parti démocrate a prévenu qu'il porterait plainte pour insurrection contre ses services s'ils continuent à entraver l'application de la loi. Une nouvelle tentative de perquisition a été lancée jeudi en début d'après-midi, selon l'agence nationale Yonhap. La police a également perquisitionné le quartier général de l'armée à Séoul, en lien avec son rôle durant la loi martiale.


Milliers de manifestants


La pression populaire reste forte : des milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi soir devant le Parlement, chantant des chansons de K-pop tout en brandissant des bâtons lumineux colorés et des pancartes réclamant la dissolution du PPP,
"qui soutient l'insurrection"
.

Mardi, un groupe de travail du PPP a proposé une feuille de route pour le retrait du président. Ce plan envisage la démission de M. Yoon en février ou mars, avec une nouvelle élection présidentielle en avril ou mai. Ce projet n'a pas encore été accepté par la totalité du PPP.

Même si tel était le cas, il est peu probable que l'opposition renonce à essayer de démettre M. Yoon de ses fonctions.


Selon le PPP, le président a laissé la gouvernance à son parti et au Premier ministre Han Duck-soo.


Lors de la loi martiale, des hélicoptères et des soldats avaient été déployés au Parlement pour empêcher les députés de s'y réunir et de voter sa levée. Mais 190 d'entre eux étaient parvenus à entrer et à adopter à l'unanimité la fin de cet état d'exception.

L'ex-ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, a été accusé par des parlementaires de l'opposition d'avoir ordonné l'envoi de drones sur Pyongyang, pour apparemment créer un casus belli avec le Nord, qui aurait justifié la loi martiale.


Incarcéré depuis dimanche, notamment pour
"abus de pouvoir pour entraver l'exercice de droits"
, M. Kim a tenté, selon les autorités, de se suicider en détention mardi soir.

En parallèle, Cho Kuk, une figure clé de l'opposition, a vu jeudi une peine de deux ans de prison ferme confirmée, perdant ainsi son siège de député.


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