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Le Premier ministre français censuré, Michel Barnier.
Les députés français ont voté mercredi la censure du gouvernement en place depuis à peine trois mois, une première en France depuis 1962 qui aggrave l'incertitude politique et économique dans un pays pivot de l'Union européenne.
Après trois heures et demie de débats très agités dans un hémicycle comble, 331 députés ont finalement décidé de faire chuter l'exécutif, alors que 289 voix étaient requises.
"En raison de la motion de censure, (...) le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement"
, a déclaré au perchoir la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Le chef de l'exécutif doit pour ce faire se rendre à 10H00 (09H00 GMT) au palais de l'Elysée.
Tout juste rentré d'une visite d'Etat en Arabie saoudite, M. Macron, au plus bas dans les sondages, doit désormais désigner un nouveau Premier ministre.
Son entourage a annoncé qu'il s'adresserait jeudi à 20H00 (19H00 GMT) aux Français.
Une intervention nécessaire tant la crise politique est profonde depuis la dissolution surprise de l'Assemblée nationale en juin voulue par M. Macron, après la déroute de son camp aux européennes face à l'extrême droite.
Les législatives anticipées qui ont suivi ont abouti à la formation d'une assemblée fracturée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite), dont aucun ne dispose de la majorité absolue. Après 50 jours de tractations, un gouvernement de droite et du centre avait finalement été nommé début septembre.
A peine trois mois plus tard, celui-ci se retrouve donc balayé par l'Assemblée. Une première en France depuis 1962. Mais aussi un triste record pour l'exécutif sortant: jamais un gouvernement n'avait été aussi éphémère durant la Ve République française, proclamée en 1958.
Pour parvenir à ce résultat, les parlementaires de gauche et du parti d'extrême droite Rassemblement national, ainsi que ses alliés, ont voté ensemble pour censurer le gouvernement sur des questions budgétaires, alors que la France est très fortement endettée.
Le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) a aussitôt réclamé la démission du chef de l'Etat. La présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, a demandé à
"Emmanuel Macron de s'en aller",
réclamant
"des présidentielles anticipées".
La cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen a quant à elle assuré qu'elle laisserait
le futur chef du gouvernement pour
"co-construire un budget acceptable pour tous".
Et de lancer:
Je ne demande pas la démission d'Emmanuel Macron.
Elu en 2017 et réélu en 2022, le chef de l'Etat, dont le mandat va jusqu'en 2027, a par avance qualifié de
les appels à sa démission. Il a affirmé mardi qu'il comptait servir son mandat
"jusqu'à la dernière seconde".
Mais tant la gauche que le centre ou la droite paraissent désunis pour s'entendre ensuite sur un nouveau gouvernement de coalition.
Marine Le Pen, triple candidate malheureuse à l'élection présidentielle, dont deux fois face à M. Macron, a, elle, les yeux rivés sur le prochain scrutin présidentiel prévu en 2027. Mais son destin politique est suspendu à une décision de justice attendue le 31 mars. Elle risque cinq ans d'inéligibilité avec effet immédiat pour un détournement de fonds du Parlement européen au profit de son parti.
La France doit toutefois rapidement disposer d'un exécutif, car sa situation financière est difficile. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l'automne 2023, le déficit public ratera son objectif de 5% en l'absence de budget, et l'incertitude politique pèsera sur le coût de la dette et la croissance.
Peu avant le vote condamnant son gouvernement, Michel Barnier avait pris la parole, moins pour dissuader les élus de voter la censure que pour prendre date en cas de renversement de son gouvernement.
La France consacre 60 milliards d'euros par an à payer les intérêts de sa dette, soit plus que pour sa défense ou son enseignement supérieur, avait-il rappelé. Et d'avertir:
"On peut dire ce qu'on veut, c'est la réalité. Croyez-moi: cette réalité ne disparaîtra pas par l'enchantement d'une motion de censure".
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