Attaque au couteau: l'exécutif sous pression avant les JO de Paris

La rédaction
10:185/12/2023, mardi
MAJ: 5/12/2023, mardi
AFP
La Ministre française des sports, Amelie Oudea-Castera, en charge de l'organisation des JO2024.
Crédit Photo : ALAIN JOCARD / AFP
La Ministre française des sports, Amelie Oudea-Castera, en charge de l'organisation des JO2024.

L'exécutif affichait sa mobilisation lundi deux jours après l'attentat mortel au couteau près de la Tour Eiffel, plus que jamais sous pression à quelques mois de l'organisation des Jeux olympiques et accusé de "faiblesse" par l'extrême droite.

L'attaque survient moins de deux mois après celle d'Arras (Pas-de-Calais) qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal
"urgence attentat".

Et à huit mois des JO-2024 où 15 millions de spectateurs sont attendus en région parisienne. 

En dépit du risque, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, a assuré sur France Inter que délocaliser la cérémonie d'ouverture n'était pas
"une hypothèse"
actuellement envisagée.

Mais le gouvernement craint l'importation sur le sol français du conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas.

Interpellé après l'attaque, qui a fait un mort et deux blessés, Armand Rajabpour-Miyandoab a d'ailleurs mentionné le mouvement palestinien et Gaza dans de nombreux messages publiés sur le réseau social X. Fiché pour radicalisation, le Franco-Iranien de 26 ans avait déjà été condamné pour un projet d'attentat et soumis à des soins psychiatriques.


Après de sobres
"condoléances"
aux proches de la victime, le président Emmanuel Macron est resté en retrait, laissant la main à sa Première ministre. 

"Nous ne céderons rien face au terrorisme"
, a affirmé dimanche Elisabeth Borne sur X avant de présider une réunion
"sécuritaire"
à Matignon, convoquée à la demande du chef de l'Etat, en présence notamment des ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin, de la Justice Eric Dupond-Moretti et de la Santé Aurélien Rousseau.

"Adaptation du droit"


En première ligne conformément à sa charge, M. Darmanin a réclamé aussitôt après sur TF1 que les autorités
"puissent demander une injonction de soins"
pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l'acte. 

Aurélien Rousseau avait souligné peu avant sur France 3 que
, "comme souvent dans ces affaires, s'entremêlent une idéologie, une personnalité influençable et malheureusement la psychiatrie".

Mais, pour M. Darmanin, il y a eu
"manifestement un ratage"
dans le suivi
"psychiatrique"
de l'auteur présumé, étant donné que
"les médecins ont considéré à plusieurs reprises qu’il allait mieux"
, a-t-il insisté lundi matin sur BFMTV.

Ce qui pose la question de
"l'adaptation du droit"
, selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
"Par exemple, se pose la question d'avoir une prolongation de l'injonction de soins lorsqu'il s'agit de personnes qui cumulent la pathologie psychiatrique et la radicalisation"
, a-t-il suggéré sur RTL.

L'extrême droite, donnée favorite aux élections européennes, a accusé une nouvelle fois l'exécutif de
"faiblesse".

"Le sujet, ça n'est pas la psychiatrie. Le sujet, c'est l'islam radical"
, a lancé lors d'une conférence de presse le patron du Rassemblement national Jordan Bardella, tête de liste de son parti au scrutin de juin.

Il a, comme après l'attentat d'Arras, réclamé la démission de M. Darmanin, ainsi qu'un
"tournant sécuritaire, pénal et migratoire",
alors qu'un projet de loi très sensible sur l'immigration est en débat au Parlement.

"Rétention de sûreté"


Pour lui, l'injonction de soins est un prétexte pour
"ne pas débattre de l'islam radical". "Je ne crois pas à la déradicalisation"
, a-t-il martelé.

Comme Marine Le Pen, il a souhaité rouvrir le débat sur le renforcement de
"la rétention de sûreté"
, un dispositif permettant de placer en centre médico-judiciaire les condamnés ayant purgé leur peine mais dont la dangerosité est jugée importante.

Créée en 2008, cette mesure a été instaurée pour les criminels condamnés à une peine d'au moins 15 ans de réclusion pour meurtre, torture ou encore acte de barbarie. 


En matière de terrorisme, sa mise en place avait été envisagée en 2020 avec une proposition de loi
"instaurant des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes à l’issue de leur peine".

Mais le Conseil constitutionnel l'avait censuré, jugeant qu'elle
"portait atteinte"
à plusieurs libertés fondamentales. La majorité avait alors adopté une mesure de
"suivi socio-judiciaire".

"Ceux qui, comme Jordan Bardella, réclament (une rétention de sûreté pour des faits terroristes) sont soit des ignorants, soit des charognards"
, a réagi sur X le président Renaissance de la commission des Lois Sacha Houlié.

Marine Le Pen a, en outre, suggéré de
"déchoir de leur nationalité et d'expulser ceux qui ont commis des actes terroristes ou ceux qui sont radicalisés".

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