Crédit Photo : LUDOVIC MARIN / AFP
Le président français, Emmanuel Macron.
C'est reparti pour un round mardi à l'Élysée, où le président français Emmanuel Macron a invité les cadres des forces politiques, sauf La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN), pour essayer de défricher la route lui permettant de nommer un Premier ministre, et surtout d'éviter une censure.
Issu de la droite, l'ancien commissaire européen Michel Barnier, en fonction depuis seulement trois mois, a été contraint jeudi dernier de démissionner, après un vote de censure historique à l'Assemblée nationale.
Emmanuel Macron avait à la surprise générale dissout l'Assemblée en juin, après la déroute de son camp aux européennes face à l'extrême droite. Les législatives anticipées ont abouti à une Assemblée fragmentée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite) sans majorité absolue.
Après avoir enchaîné des réunions camp par camp, Emmanuel Macron invite à 14H00 (13h00 GMT) les chefs de partis et présidents de groupes parlementaires de la plupart des forces politiques du pays dans une même salle du palais présidentiel.
Qu'attendre de cette réunion ? L'entourage d'Emmanuel Macron dit espérer
"avancer sur un accord concernant une méthode"
pour la nomination d'un nouveau chef de gouvernement.
Pas question pour autant de participer
"à un gouvernement 'd'intérêt général' avec LR (Les Républicains, droite) ou des macronistes ou je ne sais qui"
, a lancé de son côté la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, alors que la seule participation à cette réunion à l'Elysée divise à gauche.
Les socialistes, écologistes et les communistes, membres de l'alliance du Nouveau Front populaire, seront bien là. Mais le parti de la France insoumise (LFI, gauche radicale) qui avait déjà décliné une invitation à l'Elysée, n'a pas été invité et reproche à ses alliés d'aller négocier.
"On va avoir un échange extrêmement agréable au petit déjeuner"
, a ironisé le patron des députés communistes André Chassaigne, qui doit rencontrer ses homologues du NFP mardi matin.
"Aucune concession, on n'est pas mandaté pour faire ça"
, a résumé le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon en meeting lundi soir, prédisant que ces tractations n'aboutiront pas.
Divergence de vues: dans un courrier adressé lundi soir à Emmanuel Macron, les cadres du Parti socialiste expriment, eux, leur
"conviction que seuls le dialogue républicain et la confrontation des points de vue peuvent permettre de trouver une issue à cette situation de blocage préjudiciable aux Françaises et aux Français".
En posant toutefois trois conditions: aucune participation à un gouvernement dirigé par la droite ou dit
;
"un véritable changement de cap politique"
sur des sujets comme
"les retraites, le pouvoir d'achat, la justice fiscale"
... et que soit nommé un Premier ministre de gauche.
Une dernière hypothèse déjà jugée
par le chef des députés de droite Laurent Wauquiez, qui a assuré à ses troupes que la réunion de mardi ne pourrait qu'être une occasion de parler de
"la méthode pour obtenir une non-censure"
et
"en aucun cas (d'une) participation à un gouvernement ou sur un programme".
Le Rassemblement national (RN), pièce maîtresse de la chute du gouvernement Barnier, n'a pas non plus été convié mardi. L'entourage du président français explique:
Le critère c'est la logique de compromis, ni le RN ni LFI ne l'ont souhaité.
"Loi spéciale" sur le budget
La réunion de mardi à l'Elysée ne semble pas destinée à avancer sur le fond des programmes. Et elle ne fait pas l'unanimité sur la forme chez les soutiens d'Emmanuel Macron.
"Il se trompe, ce n'est pas à lui de faire la majorité, c'est à son Premier ministre"
, estime un compagnon de route.
Pressenti parmi les favoris pour prendre la tête du gouvernement, le patron du MoDem, le centriste François Bayrou s'est aussi montré sceptique, selon des sources au parti. Et son éventuelle arrivée à Matignon hérisse la gauche, qui y voit la poursuite de l'aventure macroniste.
La pression de nommer un nouveau chef du gouvernement est aussi liée à la situation financière du pays. Avec un déficit qui devrait dépasser les 6% du PIB cette année, la France affiche la pire performance des 27 États membres de l'Union européenne à l'exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par l'UE.
Alors que le gouvernement démissionnaire s'était fixé l'objectif de réduire le déficit public à 5% du PIB l'an prochain, le projet de budget n'a pas pu être voté en raison de la censure.
Un projet de
sur ce budget, permettant notamment à l'Etat de lever l'impôt à partir du 1er janvier, sera présenté en conseil des ministres mercredi, a indiqué mardi l'Elysée.
Cette
avait été annoncée par M. Macron dans son allocution télévisée après la censure du gouvernement de Michel Barnier, afin d'assurer
"la continuité des services publics et de la vie du pays".
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