Dans un contexte de forte progression des partis d'extrême droite aux récentes élections sur le continent, il n'aura pas fallu 48 heures aux gouvernements allemand, autrichien, suédois, danois, norvégien, belge, britannique, suisse et néerlandais pour décider de la suspension des demandes d'asile des ressortissants syriens.
Lundi, la Belgique a annoncé la suspension temporaire du traitement des demandes d'asile émanant de Syriens.
Olivier Brasseur, porte-parole du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGVS), a indiqué à Anadolu que la Belgique n'acceptera pas les demandes d'asile de Syriens, en raison des difficultés d'accès aux informations concernant les demandeurs, dans le climat d'incertitude qui règne en Syrie.
Olivier Brasseur a précisé que les personnes qui ont déjà obtenu ce statut dans un État membre de l'Union européenne seront exemptées de cette démarche.
Il a, par ailleurs, précisé que la durée de cette mesure n'est pas encore connue.
Dans la soirée, le gouvernement italien ultraconservateur de Giorgia Meloni s'est ajouté à la liste.
En France, l'Ofpra, agence chargée d'examiner les demandes d'asile, dit suivre
"avec attention la situation en Syrie",
soulignant que
"cela peut conduire à suspendre provisoirement la prise de décision sur certaines demandes d’asile émanant de ressortissants syriens, en fonction des motifs évoqués".
La France travaille sur
"une suspension des dossiers d'asile en cours provenant de Syrie"
, a rapporté Le Figaro ce lundi, citant le ministère français de l'Intérieur, au lendemain de la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie.
"Nous devrions aboutir dans les heures qui viennent à une décision"
, a ajouté la même source.
L'Allemagne, pays de l'UE qui accueille la plus importante diaspora syrienne - près d'un million de personnes, a justifié cette décision par
qui règne à Damas.
De nombreux Syriens qui ont trouvé refuge en Allemagne depuis la grande crise migratoire des années 2015-2016
"ont désormais enfin l'espoir de retourner dans leur patrie syrienne et de reconstruire leur pays",
a indiqué la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser.
Même si
"les possibilités concrètes de retour ne sont pas encore prévisibles pour le moment",
la situation restant
et
sur place, a-t-elle nuancé.
Son homologue autrichien est allé plus loin, annonçant
"un programme de rapatriement et d'expulsion vers la Syrie". "La situation politique en Syrie a fondamentalement changé",
a justifié Gerhard Karner.
Environ 7.300 dossiers en cours sont concernés par cette décision parmi les quelque 100.000 Syriens vivant en Autriche, l'un des pays qui en a accueilli le plus en Europe.
Le cas de ceux qui se sont déjà vus accorder l'asile va également être réexaminé. Le regroupement familial est de même suspendu.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a appelé à faire preuve
"de patience et de vigilance"
sur la question du retour des Syriens dans leur pays.
Mais dans une Allemagne en pleine campagne électorale en vue des législatives du 23 février, le débat bat déjà son plein: le député conservateur (CDU) Jens Spahn a proposé
et d'allouer une prime de mille euros à
"tous ceux qui veulent rentrer en Syrie".
Les principaux pays d'accueil des Syriens doivent planifier début 2025 une
"conférence pour la reconstruction et le retour"
, a préconisé cet élu du parti de Friedrich Merz, favori pour succéder à Olaf Scholz à la chancellerie.
La CDU devance dans les intentions de vote le parti d'extrême droite AfD, dont l'entrée au Parlement, en 2017, a suivi la crise des réfugiés de 2015-2016.
"Quiconque célèbre la 'Syrie libre' en Allemagne n'a apparemment plus aucune raison de fuir"
et
"devrait retourner en Syrie immédiatement"
, a estimé Alice Weidel, cheffe de file de l'AfD.
Après avoir ouvert ses portes aux Syriens, l'Allemagne a depuis durci sa politique migratoire, sans arrêter la progression de ce parti hostile aux migrants, qui a remporté un scrutin régional pour la première fois en septembre.
En Autriche, l'extrême droite a remporté pour la première fois les législatives fin septembre.
Le Stuttgarter Zeitung suggère déjà à l'Union européenne de
"soutenir le nouveau gouvernement de Damas en finançant la reconstruction et en organisant le retour ordonné des réfugiés".
Le président des communautés de communes allemandes, Achim Brötel, réclame des contrôles renforcés aux frontières pour empêcher les partisans de l'ancien régime de se réfugier en Allemagne, et ainsi pouvoir
"rencontrer les familles de leurs victimes".
Amnesty International a fustigé le
"signal totalement erroné"
envoyé par Berlin avec le gel de l'examen des demandes d'asile, qui concerne selon l'ONG
"près de 50.000 personnes".
d'une réévaluation de la situation à Damas
"ne devrait pas être payé par ceux qui tentent depuis des années de se construire une nouvelle vie"
, déplore l'ONG.
Pour rappel, le dimanche 8 décembre tôt le matin, les groupes armés anti-régime ont pris le contrôle total de la capitale syrienne Damas, alors que les forces du régime se retiraient des institutions publiques et des rues, mettant fin à un règne de 61 ans du régime Baas et de 53 ans de la famille Assad.
Des affrontements ont éclaté le 27 novembre dernier dans la banlieue ouest de la province d'Alep entre les forces du régime et les groupes armés anti-régime. Ces groupes ont fini par prendre le contrôle de la ville d'Alep et de la province d'Idlib, puis des villes de Hama, Deraa, Soueïda, Homs et enfin Damas.