Le G20 à Rio, épreuve du feu pour la diplomatie de Lula

13:1217/11/2024, воскресенье
MAJ: 17/11/2024, воскресенье
AFP
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva Luis prononce un discours lors du festival Global Alliance sur la place Maua en marge du sommet social du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil, le 16 novembre 2024.
Crédit Photo : Luis ROBAYO / AFP
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva Luis prononce un discours lors du festival Global Alliance sur la place Maua en marge du sommet social du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil, le 16 novembre 2024.

Le sommet du G20 qui s'ouvre lundi à Rio de Janeiro sera un test majeur pour le président brésilien Lula, qui tente de s'imposer à nouveau comme un leader mondial qui compte, malgré une diplomatie en demi-teinte.

"Le Brésil est de retour", claironnait-il à son retour au pouvoir en janvier 2023, après des années d'isolement international sous son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro. 


L'agenda est en effet chargé, avec trois grands rendez-vous à l'horizon.
Après le G20, le plus grand pays d'Amérique latine recevra également en 2025 le sommet des Brics et la conférence de l'ONU sur le climat COP30.

Lundi et mardi à Rio, l'ancien ouvrier de 79 ans cherchera l'adhésion des dirigeants des plus grandes économies de la planète à son Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et à son projet de taxation des super-riches.


Lula, qui s'affiche à l'avant-garde pour la préservation de l'environnement, tentera également de les convaincre de passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre le changement climatique, alors que les négociations semblent s'enliser à la COP29 à Bakou (Azerbaïdjan), qui a lieu en même temps que le G20.


Déforestation en baisse


C'est dans ce domaine que le gouvernement Lula
"a le plus avancé",
dit Roberto Goulart Menezes, coordinateur des Etudes latino-américaines à l'Université de Brasilia.

La déforestation en Amazonie brésilienne a chuté de plus de 30% sur un an d'août 2023 à juillet 2024, au plus bas en neuf ans. 

Mais cela n'a pas empêché le Brésil d'être touché par des feux de forêt dévastateurs dont la propagation a été facilitée par une sécheresse historique liée, selon les experts, au réchauffement climatique. 


Le gouvernement brésilien a par ailleurs augmenté récemment son objectif de réduction des gaz à effet de serre et a proposé des mécanismes financiers pour protéger les forêts du monde entier.


"Ponts"


Lula essaie d'endosser de nouveau son costume de champion du Sud global prisé des dirigeants occidentaux, comme durant ses deux premiers mandats (2003-2010), quand l'ancien président américain Barack Obama le qualifiait d'
"homme politique le plus populaire de la planète".

Le Brésil joue à nouveau
"son rôle traditionnel de partenaire fiable de la communauté internationale, bâtisseur de consensus",
explique son ministre des Affaires étrangères, Mauro Vieira.

Selon lui, le pays s'est attaché à
"reconstruire les ponts".

Lula
"représente les intérêts des marchés émergents, mais il tente aussi de construire des ponts",
abonde une source du gouvernement allemand en employant la même expression.

"Erreurs"


Il est
"indéniable que le Brésil est +de retour+",
mais le gouvernement Lula a
"commis des erreurs",
estime Michael Shifter, du cercle de réflexion Dialogue inter-américain à Washington.

Le président de gauche a notamment été critiqué pour avoir déclaré à plusieurs reprises que les responsabilités du conflit en Ukraine étaient partagées entre Moscou et Kiev, avant de condamner plus fermement l'invasion russe
"pour limiter les dégâts",
selon ce spécialiste.

A contre-courant de la plupart des pays occidentaux, Lula maintient des contacts réguliers avec le président russe Vladimir Poutine, et a tenté avec la Chine de jouer les médiateurs dans le conflit ukrainien - sans aucun succès.


Pour l'ancien diplomate brésilien Paulo de Almeida, l'
"anti-américanisme"
de Lula explique en partie ses prises de position sur l'Ukraine, ainsi que sur la guerre au Proche-Orient.

Le président brésilien a parlé à plusieurs reprises de
"génocide"
à propos de l'offensive militaire israélienne à Gaza, ce qui lui a valu d'être déclaré "persona non grata" dans l'Etat hébreu. 

"Opportunité manquée"


Autre dossier délicat pour la diplomatie brésilienne: le Venezuela. 


Le gouvernement Lula n'a pas reconnu la réélection du président vénézuélien Nicolas Maduro en juillet, mais il n'a pas non plus soutenu l'opposition qui crie à la fraude.

Pour Michael Shifter, il s'agit d'une
"opportunité manquée"
de mettre en oeuvre
"un effort diplomatique sérieux pour contrecarrer cette fraude flagrante et la répression croissante de Maduro".

Le Brésil a toutefois haussé le ton récemment, opposant son veto à l'adhésion du Venezuela aux Brics, une décision taxée d'
"agression inexplicable"
par le gouvernement Maduro.

Face aux critiques sur la gestion de ce dossier et d'autres, le ministre Mauro Vieira rétorque que
"ni le Brésil ni le président Lula n'ont promis de résoudre des problèmes aussi complexes par magie".

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