Mondial 2034: une série Netflix pour améliorer l'image de l'Arabie saoudite

16:0710/12/2024, Salı
AFP
Les supporters d'Al-Ittihad acclament avant le match de football de la Saudi Pro League entre Al-Ittihad et Al-Nassr, au King Abdullah Sports City de Jeddah, le 6 décembre 2024.
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Les supporters d'Al-Ittihad acclament avant le match de football de la Saudi Pro League entre Al-Ittihad et Al-Nassr, au King Abdullah Sports City de Jeddah, le 6 décembre 2024.

L'Arabie saoudite mise sur le football et une série Netflix pour convaincre avant le Mondial 2034.

Une nouvelle série documentaire de Netflix consacrée au football saoudien met en scène des stades bondés et des stars internationales, mais son influence sur les critiques entourant la candidature de Ryad au Mondial-2034 reste incertaine.


Diffusée en six épisodes, "Saudi Pro League: Kickoff" est sortie à seulement trois semaines du vote du Congrès de la Fédération internationale de football (Fifa), prévu mercredi, qui doit valider la candidature unique de l'Arabie saoudite pour organiser la prestigieuse compétition.

Ce vote constitue une étape cruciale dans la stratégie du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume. Il utilise le sport comme levier pour renforcer l’influence de l'Arabie saoudite et améliorer l’image de ce géant pétrolier sur la scène internationale.


Le football est au cœur de cette stratégie. La série retrace la transformation de la Saudi Pro League, portée par l'arrivée de stars du ballon rond comme Cristiano Ronaldo, Neymar et Karim Benzema, qui jouent un rôle central dans le programme.


Elle met également en lumière la
"passion historique"
des Saoudiens pour le football, selon un commentateur, en évoquant des clubs fondés il y a près d'un siècle et des rivalités presque aussi anciennes.

Dans une scène, Talal Haji, 17 ans, attaquant d'Al-Ittihad, se promène dans la vieille ville de Jeddah en *thobe* – le long vêtement blanc porté par les Saoudiens – et déclare:
"Je suis très fier de mon avenir. Dans dix ans, je jouerai la Coupe du monde sur notre sol".

Changer les perceptions


Si la politique reste discrète dans la série, Mohammed ben Salmane y apparaît brièvement pour remettre un trophée au club d'Al-Hilal, vainqueur de la Coupe du roi face à l'équipe d'Al-Nassr de Cristiano Ronaldo.


La superstar portugaise affirme devant la caméra que son aventure en Arabie saoudite est avant tout sportive
:

Je ne suis pas ici pour l'argent... Je suis ici pour gagner.

Mais selon Danyel Reiche, chercheur à l'université de Georgetown au Qatar, les stars étrangères
"ne sont pas là uniquement pour le football. Elles participent à une mission plus large visant à normaliser l'image de l’Arabie saoudite et à transformer les perceptions internationales".

Outre le football, Ryad a accueilli des tournois de tennis de haut niveau, des combats de boxe poids lourds et des courses de Formule 1. Ces événements ont souvent été critiqués comme des outils de blanchiment par le sport (sportswashing), détournant l'attention des violations des droits humains, telles que l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 ou l'emprisonnement de dissidents.


Le prince héritier a balayé ces accusations, déclarant à Fox News:
"Si cela permet de faire croître l’économie saoudienne, je continuerai de faire du sportswashing".

Ces critiques devraient persister, notamment si la candidature saoudienne au Mondial est validée.


"La série ne changera probablement pas l'avis des critiques les plus virulents, qui considèrent ces initiatives sous le prisme du sportswashing. Elle semble davantage destinée à un public curieux de comprendre les ambitions saoudiennes pour le football",
estime Kristian Coates Ulrichsen, du Baker Institute de l'université américaine Rice.

Les responsables saoudiens n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP concernant la série.


Hauts et bas


Selon la Saudi Pro League, l'histoire elle-même a été conçue par Netflix, qui a donc conservé un contrôle éditorial total sur le documentaire. Celui-ci met aussi en lumière les défis auxquels le deuxième championnat le plus dépensier – après la Premier League à l'été 2023 – doit faire face.


"L'arrivée de joueurs étrangers a des impacts positifs et négatifs",
reconnaît Abdulrahman Ghareeb, ailier saoudien d’Al-Nassr, qui a perdu du temps de jeu.

Malgré les images de fans agitant des drapeaux dans les stades, la fréquentation reste limitée. La moyenne pour la saison 2023-2024 est de 8.158 spectateurs, contre 9.701 l’année précédente, selon le site de référence Transfermarkt.


En dépit de la présence de stars, l'intérêt médiatique à l'international, notamment en Europe, semble avoir fait long feu.


Certaines vedettes peinent en outre à s'adapter aux conditions locales, marquées par une chaleur intense une partie de l'année, qui impose des matches tard le soir.


Jordan Henderson a quitté Al-Ettifaq pour l'Ajax Amsterdam après seulement six mois. Neymar, blessé à un genou, a été écarté des terrains près d'un an avant de faire son retour fin octobre.


Ces absences ont néanmoins permis à des joueurs locaux de briller.
"Mon objectif est que n'importe quel joueur saoudien puisse surpasser une star étrangère",
clame Feras al-Brikan, attaquant d'Al-Ahli.

Pour beaucoup, cette transformation du football saoudien reste un projet à long terme.
"Dans le football, ce qui compte, ce n'est pas comment cela commence, mais comment cela finit",
rappelle ainsi Jorge Jesus, entraîneur d'Al-Hilal.

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