France: avis de tempête sociale, en plus de la crise politique

16:305/12/2024, jeudi
AFP
Des manifestants défilent à Marseille lors d'une journée nationale d'action et de grève des travailleurs du secteur public français pour protester contre les mesures de réduction des coûts proposées par leur ministère au début de l'automne, le 5 décembre 2024.
Crédit Photo : CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
Des manifestants défilent à Marseille lors d'une journée nationale d'action et de grève des travailleurs du secteur public français pour protester contre les mesures de réduction des coûts proposées par leur ministère au début de l'automne, le 5 décembre 2024.

En pleine crise politique en France, une tempête sociale s'annonce: les agents publics sont en grève et manifestent jeudi pour alerter sur la "dégradation" de leurs "conditions de travail et rémunération", une mobilisation très suivie dans l'éducation.

Celle-ci s'ajoute à celle des cheminots, qui veulent obtenir un moratoire sur le démantèlement de l'entreprise publique Fret SNCF, et des agriculteurs, vent debout contre le traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays du Mercosur.


En dépit de l'inconnue politique - après la censure de l'exécutif de centre-droit par les députés mercredi soir et sa démission jeudi matin - cette journée doit permettre de lancer une
"alerte sur la dégradation des conditions de travail et de rémunération en direction du futur gouvernement et des parlementaires"
, a déclaré à l'AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale du syndicat CFDT Fonction publique.

Des dizaines de rassemblements sont prévus dans toute la France à l'appel d'une intersyndicale large, notamment à Paris, près du ministère de l'Economie.

Les autorités attendent entre 4.000 et 8.000 participants à la manifestation parisienne, qui sera sous vigilance renforcée au vu du contexte politico-social.


Dans la deuxième ville du pays, Marseille (sud-est), et la troisième, Lyon (centre-est), des centaines de personnes étaient rassemblées. 


Fabien Rengade, agent territorial, à Marseille a déclaré à l'AFP:


On est là parce qu'on a des gouvernements qui se succèdent et qui cassent le service public par des réformes qui visent à détruire nos métiers, notre statut et les services publics.

Des lycées bloqués


Le mouvement est très suivi dans l'éducation où près d'un enseignant sur trois est en grève, selon le ministère, avec 40% dans les écoles maternelles et élémentaires, et 23% dans les collèges et lycées.

Le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, annonce de son côté 54% de professeurs grévistes dans les collèges et lycées, et la FSU-Snuipp, syndicat majoritaire dans le primaire,
"65% de grévistes"
dans les écoles.

A Paris, cinq établissements scolaires se sont mobilisés avec des blocages partiel ou total de lycées, a indiqué le rectorat.


Léa, étudiante en terminale au lycée Buffon, bloqué dans la matinée, a lancé:


On veut être solidaires de nos profs en grève et montrer un minimum de soutien sachant qu'ils sont déjà très peu payés.

A Dijon, dans le centre-est du pays, un jeune homme a été interpellé après le jet d'un projectile enflammé qui a légèrement blessé le proviseur d'un lycée, en marge d'un rassemblement.


Côté ciel, l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de réduire leurs programmes de vols pour la journée, mais les perturbations semblaient modérées dans la matinée, la direction générale de l'aviation civile ne faisant pas état de retards notables au décollage où à l'arrivée des principaux aéroports français.  


L'organisme de surveillance du trafic Eurocontrol a néanmoins relevé des
"retards importants"
pour les avions devant survoler une partie de la région parisienne et des zones aériennes autour de Marseille. A Lille (nord), l'aéroport restera fermé de jeudi soir à vendredi matin.

L'annonce fin octobre par l'exécutif d'un plan de lutte contre l'
"absentéisme"
des fonctionnaires pour dégager 1,2 milliard d'euros d'économies a tendu les relations entre les syndicats et le ministre désormais démissionnaire de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, avant d'aboutir à une rupture du dialogue.

Le gouvernement a souligné la nécessité de faire des
"économies"
pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit de 6,1% attendus en 2024 à 5% du PIB en 2025.

Autoroute coupée


Les syndicats exigent qu'il renonce à trois mesures ayant cristallisé la colère: le passage d'un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100% à 90% de la rémunération en cas d'arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d'une prime en soutien au pouvoir d'achat.

Plus de sept mois après le dernier mouvement social - peu suivi - des fonctionnaires,
"on est parti sur quelque chose de bien plus gros jeudi"
, selon Luc Farré, secrétaire général du syndicat UNSA Fonction publique.

Cette grogne s'ajoute à celle des agriculteurs, mobilisés depuis le 18 novembre. Opposés au traité Mercosur, ils réclament également de meilleurs revenus et moins de tracasseries administratives.


Jeudi matin, ils ont coupé, avec des collègues belges, l'autoroute entre la ville française de Lille et la capitale de la Belgique, Bruxelles, ont indiqué syndicat et autorités.

Les syndicats des cheminots ont de leur côté appelé à la grève reconductible à la société ferroviaire SNCF à partir du 11 décembre au soir.


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